Culture et nature à Aomori

En Shinkansen, la préfecture d’Aomori ne se trouve qu’à une heure de Hakodate et pourtant, il s’agit d’une région où je n’étais allée qu’une seule fois, et encore très rapidement, pour assister au festival Nebuta. En 2020, comme il ne nous était pas possible de voyager loin, nous avons choisi de passer un petit week-end dans cette région qui, bien que séparée de nous par la mer, nous est voisine.

Un peu d’histoire
La préfecture d’Aomori se situe tout au nord de Honshû, l’île principale du Japon. C’est dans cette préfecture que l’on a découvert les plus anciennes traces de poterie au Japon et que l’on trouve Sannai Maruyama, l’un des dix-seps sites préhistoriques Jômon à avoir été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2021.

Vue du site préhistorique Jômon Sannai Maruyama

Sur ce vaste site de peuplement (40 hectares), vous pourrez notamment découvrir et visiter diverses (re)constructions. Les plus impressionnantes sont la plus longue des maisons longues (32 mètres) et un édifice à six piliers culminant à 14,7 mètres de haut.

Vue intérieure de la maison longue

Peu de maisons longues ont été retrouvées sur le site, ce qui laisse penser aux chercheurs que ces bâtiments ont pu servir de lieux de rassemblement ou encore d’ateliers.

Quant aux fonctions des édifices à six piliers, les avis divergent. Pour les moins imposants, la théorie en vigueur est qu’ils servaient de lieux de stockage ou de lieux où se déroulaient les rites funéraires. Pour les plus massifs, certains scientifiques optent pour l’idée d’une tour de guet, tandis que d’autres préfèrent y voir des édifices à finalités religieuses, comme des sanctuaires.

Les plus petits bâtiments recèlent moins de mystère : il s’agit tout bonnement d’habitations. Pour vous donner une idée de ce que pouvait être la vie quotidienne de nos semblables il y a environ 5 000 ans, n’hésitez pas à pénétrer dans ces modestes demeures semi-souterraines.

Un peu d’art
Si vous vous intéressez à l’art, j’ai deux musées à vous recommander : le musée d’art d’Aomori et le centre d’art de Towada. L’œuvre la plus connue du premier est sans doute le chien d’Aomori, une sculpture haute de 8,5 mètres réalisée par Yoshitomo Nara, artiste contemporain originaire de Hirosaki. Vous pourrez également y admirer des peintures de cet artiste connu pour ses œuvres représentant des enfants à grosse tête et à l’air mauvais.

Le chien d’Aomori, musée d’art d’Aomori

Une autre œuvre de Yoshitomo Nara, la Yoroshiku Girl, est visible sur l’un des murs du centre d’art de Towada. J’ai vraiment eu un gros coup de cœur pour ce musée d’art contemporain, qui recèle de nombreuses œuvres fascinantes comme les peintures murales de Federico Herrero, la grosse dame debout de Ron Mueck (sculpteur hyperréaliste australien) ou encore, à l’extérieur du musée, le cheval fleuri du sud-coréen Jeonghwa Choi.

Surtout, n’oubliez pas de visiter les alentours du centre d’art, près duquel vous pourrez notamment admirer des sculptures de Yayoi Kusama, artiste japonaise mondialement connue dont les œuvres sont reconnaissables à leurs motifs à poix.

Un peu de nature
Si votre périple vous mène jusqu’à Towada, profitez-en pour aller voir le lac. Et si vous aimez la nature, je vous conseille de vous promener le long des rives des gorges d’Oirase, où vous pourrez admirer cascades, torrents, rochers et forêts.

Pour en savoir plus sur les lieux mentionnés
Sannai Maruyama (en anglais) : https://sannaimaruyama.pref.aomori.jp/english/
Musée d’art d’Aomori (en anglais) : https://www.aomori-museum.jp/en/
Centre d’art de Towada (en anglais) : https://towadaartcenter.com/en/
Lac Towada (en anglais) : https://aomori-tourism.com/en/spot/detail_335.html
Les gorges d’Oirase: https://www.japan.travel/fr/spot/1833/

Avis sur le manuel « 日本語中級J301 »

J’avais eu à utiliser quelques leçons du grand frère de ce manuel, le J501, dans un cours de japonais et je l’aimais bien malgré son petit côté austère et malgré le fait qu’il ait été un peu trop difficile pour mon niveau à l’époque. En le retrouvant dans une librairie de Tokyo, j’ai songé à l’acheter mais, en le feuilletant, je ne me suis toujours pas sentie au niveau question grammaire pour m’y attaquer. Je me suis donc rabattue sur le J301, que je vais vous présenter aujourd’hui.

Public visé
J301 dit s’adresser à des apprenants ayant terminé le niveau débutant en japonais, soit un public ayant au compteur 300h de cours de japonais. Comme je l’ai déjà mentionné dans un article portant sur un autre manuel, ces notions de « débutant » ou d’heures de cours ne sont pas très précises. De ce que j’ai pu constater, il s’adresse à un public ayant acquis les notions du niveau N4 et souhaitant mettre toutes les chances de son côté pour la partie lecture du N3. Car il est important de le savoir, le J301 se concentre sur les compétences lire et écrire.

Structure générale d’une leçon
J301 compte au total 10 leçons, fonctionnant toutes sur le même modèle. Tout d’abord est proposée une page d’introduction au thème de la leçon, page sur laquelle on trouvera des photos ou des illustrations accompagnées d’une ou deux questions de réflexion.

On entre ensuite dans le vif du sujet, avec un texte à lire long d’environ une page. Des furigana sont présents au-dessus de tous les kanjis du texte, ce qui permet aux apprenants moins à l’aise avec ces caractères de lire sans avoir à s’interrompre pour en chercher la lecture. Vient ensuite une page schématisant la structure du texte, qu’il faudra compléter avec des expressions issues du texte lu précédemment, puis une page comportant des questions de compréhension, majoritairement sous forme de QCM.

Viennent ensuite des explications sur quelques points de grammaire du texte, données en anglais et assorties de quelques exemples. Elles sont suivies d’exercices d’application et d’exercices proposant de réutiliser en contexte le nouveau vocabulaire.

La dernière partie de la leçon est composée de deux activités de production. La première, écrite, demande aux apprenants d’écrire un texte de même structure que celui étudié, ce qui permet de réutiliser les structures grammaticales vues. La seconde est une production orale, et demande aux apprenants de lire à d’autres apprenants le texte qu’ils ont écrit précédemment, et d’échanger ensuite sur ce que chacun a écrit.

Un livret détachable accompagne le manuel, et vous y trouverez l’équivalent anglais du nouveau vocabulaire ainsi que les réponses aux différents exercices proposés (sauf pour ceux demandant des réponses ouvertes et sauf pour les activités de production).

Mon avis
Au niveau grammatical, je trouve que J301 s’adresse à des apprenants qui maîtrisent la grammaire de niveau N4, puisque la plupart des points introduits sont de niveau N3 et parfois N2. Les explications données sur ces éléments grammaticaux sont simples, parfois sommaires, mais facilement compréhensibles. Ceux qui souhaitent approfondir certains points devront cependant mener une recherche complémentaire.

Les exercices d’application portant sur ces éléments ne sont ni difficiles ni trop longs et permettent de travailler à la fois la forme et le sens. L’autre point fort de ce manuel est la page schématisant la structure du texte, qui permet de réfléchir à l’organisation textuelle en japonais et qui facilite beaucoup la compréhension du texte à lire.

Par contre, en ce qui concerne le vocabulaire, je suis plus mitigée. Car les textes proposés en début de leçon sont issus de documents authentiques et le vocabulaire qu’on y trouve est parfois trop complexe pour le niveau des apprenants auquel l’ouvrage s’adresse. Bien évidemment, l’objectif n’est pas de travailler tout ce vocabulaire, seulement celui qui est proposé dans les exercices d’application, qui est par ailleurs fort intéressant. Cependant, pour des personnes qui, comme moi malheureusement, ont du mal à séparer ce qu’il faut apprendre maintenant de ce qu’il faut ignorer à notre niveau, cela peut s’avérer décourageant.

De la même manière, si vous avez besoin/envie de vous assurer que vos réponses à certains exercices sont correctes, ou si vous voulez un retour sur vos productions écrites, utiliser ce manuel en autodidacte peut s’avérer frustrant. Enfin, comme chaque leçon est construite sur le même modèle, une petite lassitude peut se faire ressentir à mi-chemin.

En résumé

Les +

  • Bon pour ceux qui ont besoin de travailler la grammaire de niveau N3
  • Outil idéal pour réviser en vue du JLPT N3
  • Permet de bien réfléchir à l’organisation textuelle en japonais
  • Vocabulaire intéressant si on fait bien le tri entre ce qui est important et ce qui l’est moins

Les –

  • Difficile à utiliser en dehors de la classe
  • Pas de traduction en français
  • Uniquement de l’écrit
  • Un peu répétitif à la longue

Fiche technique
Titre : 日本語中級J301 – 中級前期 (Japonais intermédiaire J301 – niveau pré-intermédiaire)
Maison d’édition : スリーエーネットワーク (3A Corporation)
Année : 2016 (édition révisée)
Langues : Japonais et anglais
Prix : 2 500 yen (hors taxes)
Type : manuel

2023, c’est déjà (presque) fini

2023 aura été l’année où la vie a vraiment repris son cours normal au Japon, avec la fin des restrictions liées au Covid. D’un seul coup, tout s’est accéléré et 2023 est passé à une vitesse folle ! La tranquillité de fin d’année est donc le moment idéal pour faire le point sur les grands moments de 2023.

Boulot

Comme vous le savez, mon travail occupe une grande partie de mon temps (vive l’école le samedi !). Mais cette année, je me suis sentie encore plus occupée que d’ordinaire et cela a été vraiment dur à vivre par moments. Je n’arrive pas à bien comprendre ce qui peut être à la source de cette sensation, car en apparence rien n’a changé pour moi par rapport à l’année scolaire précédente : je suis toujours au collège, toujours en charge du club de dessin, toujours dans le même comité, et j’ai le même nombre d’heure de cours…

Est-ce le retour de toutes ces activités et cérémonies qui avaient disparues pendant les années Covid ? Est-ce le départ soudain d’une collègue ? Les changements incessants d’emploi du temps pour cause de personnel malade ? Devoir constamment marcher sur des œufs quand on s’adresse aux élèves sous peine de se voir accusé par des parents hyper-protecteurs d’avoir traumatisé leur progéniture ? Est-ce la baisse de motivation de certaines élèves ? Certains choix de la direction avec lesquels je ne suis pas en accord ? Probablement une combinaison de tous ces facteurs.

Néanmoins, j’aime toujours enseigner et j’ai beaucoup d’élèves qui valent la peine que je donne le meilleur de moi-même.

Voyages

Malgré un emploi du temps chargé, j’ai tout de même eu quelques opportunités de voyager au Japon tout au long de l’année. Pour mon premier voyage, j’ai quitté les rues enneigées de Hakodate pour la douceur de fin d’hiver de Tokyo. Mon mari tenait à visiter l’expo teamLab. Je n’étais pas très enthousiasmée par l’idée puisque je l’avais déjà visitée il y a quelques années et n’en avais pas été impressionnée, mais bon. Malgré quelques nouveautés intéressantes, notamment les passages dans l’eau, je trouve toujours que c’est cher pour ce que c’est.

Le lendemain, nous sommes allés à Kamakura, une ville historique dans laquelle j’ai toujours plaisir à flâner.

En avril, direction l’ouest et la ville d’Osaka. J’y étais allée il y a quelques années pour une conférence, j’avais adoré et voulais depuis longtemps y retourner.

Mais notre séjour dans cette ville ne s’est pas déroulé comme prévu. Je vous explique. Puisque nous sommes à moins de trois heures de train de l’endroit où vivent ses parents, je suggère à mon mari de leur faire une visite surprise. Et nous voilà partis le lendemain en direction de la mer intérieure de Seto. La surprise a été une réussite et nous avons passé une agréable journée en compagnie de mes beaux-parents.

En juillet, nous avons été plus raisonnables question distance puisque nous sommes allés à Niseko, station de ski réputée située à environ 2h30 en voiture de Hakodate. L’hiver, les hôtels sont hors de prix mais c’est très abordable hors saison, et il y a plusieurs activités de plein air à faire : randonnée, kayak, rafting, vélo, équitation, tyrolienne, etc.

J’ai également eu l’occasion cet été de faire un voyage auquel je ne m’attendais pas : Matsuyama, sur l’île de Shikoku ! Il ne s’agissait pas d’un voyage d’agrément puisque j’y suis allée dans le cadre du travail, pour accompagner l’équipe de gymnastique artistique du collège aux championnats du Japon. Et malheureusement, entre la route de l’hôtel au stade où avait lieu l’événement, les entraînements, les réunions et la compétition en elle-même, je n’ai absolument rien pu visiter à Matsuyama, donc je ne peux pas vous dire si c’est bien ou pas !

Enfin, pour conclure l’année, mon mari et moi sommes allés passer une nuit dans un ryokan à Noboribetsu, une ville réputée pour ses onsen et située à environ 3 heures de voiture de Hakodate.

Les réseaux sociaux

Cette année, j’ai voulu relancer mes réseaux sociaux. J’ai donc observé ce qui se faisait un peu dans le domaine sur le Japon, et ma conclusion est : je jette l’éponge. Les raisons de cet abandon sont multiples. Tout d’abord, il y a beaucoup de personnes qui proposent du contenu sur le Japon, et qui font ça très bien. Ma valeur ajoutée sur le sujet est probablement proche de zéro. De plus, comme je suis très prise par mon travail, je n’ai pas de contenu qui sortent de l’ordinaire à partager. Qui s’intéresse à la vie monotone d’une inconnue, quand bien même cette vie se déroule dans un pays qui vous fait rêver ? Enfin, je pense tout simplement que le format instantané et tranché des publications sur les réseaux sociaux ne me correspond pas. J’ai donc supprimé mon compte X, qui était de toute façon déjà en état de mort cérébrale. Et mon compte Instagram ne va sans doute pas tarder à le suivre.

La vie à la maison

Plus le temps passe, et plus j’apprécie de rester à la maison. J’aime lire, étudier le japonais, cuisiner, écouter la radio, faire le ménage (eh oui !), prendre soin de mon intérieur… Il faut dire aussi que le fait d’avoir sa propre maison encourage à devenir casanier. Il y a de la place, et j’ai une pièce rien qu’à moi, que je peux arranger comme je veux !

En 2024

En février, cela fera 10 ans que j’habite au Japon. Ce sera peut-être l’occasion pour moi de faire un bilan de cette décennie !

Et vous, comment s’est passé votre année 2023 ? Avez-vous des projets particuliers pour 2024 ?

L’incroyable naissance du mont Showa-shinzan

Le lac Toya, situé dans le sud de Hokkaido, est une destination populaire pour les personnes souhaitant profiter des bienfaits des onsens, sources d’eau chaude. Or, qui dit onsen dit volcan. C’est d’ailleurs l’activité volcanique du lieu qui a conduit à la formation du lac Toya.

Le lac Toya
Hôtel avec vue sur le lac Toya
Sculpture au bord du lac Toya

Le mont Usu, aux abords du lac, est un volcan actif qui est entré quatre fois en éruption au 20e siècle : en 1910, de 1943 à 1945, en 1977-1978 et en 2000, c’est-à-dire à peu près tous les 30 ans. Néanmoins, il est considéré comme un « gentil » volcan, ou un volcan « qui ne ment pas », car ses épisodes éruptifs sont toujours précédés d’une activité sismique inhabituelle, ce qui permet de prévoir l’éruption et d’évacuer la population.

Mais ce n’est ni du lac Toya ni du mont Usu dont j’aimerais vous parler dans cet article. Non, j’aimerais vous parler d’une petite montagne, le mont Showashinzan, littéralement « la nouvelle montagne de Showa ». Parce que l’histoire entourant la naissance de cette montagne est tout simplement extraordinaire !

Le mont Showa-shinzan

Nous sommes en décembre 1943 et, comme vous devez vous en douter, c’est un peu tendu partout dans le monde, y compris au Japon. Dans la petite ville de Toya, le sol tremble, puis le mont Usu entre en éruption. Dans des champs de blé, le sol se soulève. Mais pour le gouvernement japonais, il importe avant tout de cacher ce qui se passe à Toya. Et on les comprend : quel pays en guerre voudrait laisser son ennemi savoir qu’une montagne est en train de sortir de son sol ? Quant aux scientifiques, ils sont trop occupés pour se rendre sur place pour étudier le phénomène. C’est ainsi que la formation du mont Showashinzan restera à l’époque connue uniquement des habitants de la région.

Le mont Showa-shinzan vu d’en haut

Un homme comprend néanmoins l’importance scientifique de ce qui est en train de se passer : Mimatsu Masao, chef du bureau de poste de Sobetsu et volcanologue amateur à ses heures perdues. Mimatsu Masao a assisté à l’éruption de 1910 et a, à l’époque, servi de guide au sismologue Oomori Fusakichi, venu tester un sismographe de sa fabrication. Mais comment documenter la formation d’une montagne en pleine Seconde guerre mondiale, alors que les appareils scientifiques manquent et que le matériel pour filmer est hors de prix ?

C’est là que Mimatsu Masao a une idée simple, mais géniale : tendre des fils entre deux poteaux, fils qui lui serviront de repère pour mesurer la croissance de la nouvelle montagne. Grâce à ce point d’observation fixe, notre postier peut relever ce qu’il observe. Il en concevra un diagramme, connu sous le nom de diagramme de Mimatsu, et ses relevés sont la seule source d’information disponible sur la formation du mont Showashinzan.

Mimatsu Masao face au mont Showa-shinzan

N’est-ce pas une histoire incroyable ? N’est-ce pas incroyable qu’une montagne de presque 400 mètres puisse se former en moins de deux ans ? Et n’est-ce pas incroyable qu’un amateur, certes passionné et connaisseur, ait pu documenter ce phénomène rare ? Si l’activité des volcans vous intéresse, n’hésitez pas à aller visiter Toya !

2022 en mots et en images

J’avais commencé à écrire une version différente de ce bilan 2022, et chaque fois que je la relisais je me disais que quelque chose clochait. Cela m’a pris du temps avant de mettre le doigt sur ce qui n’allait pas : j’essayais de donner dans un premier temps un aperçu rapide de mon travail, mais le peu de mots que je voulais y consacrer ne suffisait pas à bien rendre la complexité de la situation. Il me faudrait un bouquin pour vous raconter la situation de l’enseignement/l’éducation au Japon ! Et puis j’ai été tellement frustrée par mon travail ces derniers mois que les mots choisis ne reflétaient que rancœur et découragement, alors que j’adore enseigner ! Du coup, j’ai préféré laisser tomber et vous épargner mes jérémiades. Alors, en plus du boulot, que s’est-il passé en 2022 ?

Janvier à Mars

Niveau climat, ces trois premiers mois de l’année ne sont jamais les plus agréables à vivre côté météo. Mais janvier est un bon moment pour se reposer, voir ses amis et profiter du temps passé avec eux autour d’une bonne bouffe et d’une bonne bouteille.

En janvier, trottoirs glacés, gadin assuré

Durant les courtes vacances qui font le tampon entre deux années scolaires, en mars, j’ai fait un saut rapide à Nara, juste le temps de visiter certains lieux emblématiques de l’ancienne capitale du Japon.

Kofuku-ji, Nara
Todai-ji, Nara
Le Grand Bouddha de Nara
Kasuga Taisha, Nara
Horyu-ji, Nara

Avril à Juin

En avril, ne te découvre pas d’un fil. Si les cerisiers étaient en fleur plus tôt que d’habitude cette année, il faisait tout de même plutôt froid. Et cette année encore, toujours à cause du corona, pas question de faire un pique-nique dans le parc.

Parc Goryokaku, avril 2022

Avril est également le mois où la nouvelle année scolaire commence et pour la première fois j’ai été affectée dans l’équipe en charge du collège. Les élèves de ce niveau nécessitant plus d’attention, ma charge de travail a quelque peu augmentée. Et autre première pour moi, me voici en charge du club… de dessin ! Les élèves membres de ce club sont de véritables otakus, mais elles sont vraiment gentilles et je les adore !

Fin juin, je réussis haut la main ma soutenance de Master, un immense soulagement m’envahit et je commence à penser sérieusement aux vacances.

Juillet à Septembre

Début juillet, les vacances en France approchent à grands pas. Après trois ans sans voir ma famille, j’ai décidé de rentrer malgré les conditions pénibles qui conditionnent encore l’entrée sur le territoire japonais. Et là, catastrophe ! L’épidémie de corona s’intensifie à l’école, et la direction décide de nous mettre tous en vacances un peu plus tôt que prévu, et bien entendu de nous faire revenir plus tôt. Heureusement, j’ai eu le nez fin, et je n’avais prévu qu’un court voyage, à peine une dizaine de jours, et un retour bien avant la date de reprise des cours. Mon séjour a été beaucoup trop court mais ça m’a fait beaucoup de bien de revoir les miens.

J’ai également pu profiter de quelques jours fériés en septembre pour aller voir mon amie à Tokyo, et la pluie ne nous a pas empêchées de visiter Kamakura.

Hase-dera, Kamakura
Le Grand Bouddha de Kamakura

Octobre à Décembre

Dès la mi-novembre, je suis au bout du rouleau. Cela fait déjà trois mois que je travaille six jours sur sept, de 7h30 à 18h, voire 19h, avec une pause d’un quart d’heure le midi pour avaler mon bento. Le dimanche, unique jour de repos, je le passe à faire le ménage ou bien écrasée sur le canapé. J’aimerais sortir, faire des activités, mais je n’en ai pas le courage.

Enfin, le 21 décembre, la délivrance arrive ! Vacances ! Bien sûr, je dois aller travailler certains jours, mais j’ai enfin le temps de dormir le matin. Et j’ai le temps de bien manger, de boire, de voir mes amis, et ça, ça n’a pas de prix !

Ce que j’aimerais faire en 2023

Côté perso, la première chose que j’aimerais réussir à faire en 2023 est d’être moins rigide. Les habitudes prises pour concilier travail, études et tâches ménagères ont du mal à s’en aller et chaque contretemps dans mon planning me rend furieuse. J’ai même du mal à accepter de rencontrer des amis ou des connaissances si cela n’a pas été prévu d’avance. Tout cela m’empêche de passer à côté des moments surprenants qui font le charme de la vie.

En ce qui concerne le blog, j’aimerais publier plus. Je dis bien « publier », et non pas « écrire », car j’ai en réserve des textes jamais publiés. J’aimerais aussi publier des articles en rapport avec l’étude/l’apprentissage du japonais, et des articles en rapport avec des phénomènes de société. Ces articles seront forcément subjectifs et partiaux, ce que je constate dans mon coin de Japon étant en plus sans doute différent de ce qu’il en est dans d’autres endroits, donc j’hésite encore.

Et vous, quels sont vos objectifs ou vos souhaits pour 2023 ?

Il y a quatre ans…

Il y a quatre ans, j’ai décidé de reprendre mes études. Ma scolarité s’était arrêtée à un niveau bac + 2, et je me suis souvent sentie complexée de ne pas avoir fait d’études universitaires. Alors, il y a donc quatre ans de cela, je me suis lancée le défi d’obtenir ma licence en sciences du langage, parcours français langue étrangère (FLE). En une année j’ai suivi environ une vingtaine de cours, allant de la phonétique à l’énonciation en passant par l’analyse du discours et la littérature jeunesse. Certaines matières étaient entièrement nouvelles pour moi, comme la syntaxe ou la lexicologie. J’ai beaucoup étudié, de manière systématique, tout en travaillant à temps plein à côté. Un temps plein japonais, six jours sur sept, environ 50h par semaine. Une grande partie de mon peu de temps libre était consacré à mes études. Je me suis rendue à Tokyo pour y passer les examens, une douzaine en quatre jours à chaque fin de semestre, rognant sur mes jours de congé. Ce fut épuisant mais la formation s’est révélée très enrichissante sur le plan intellectuel. Résultat de cette année de labeur, une licence obtenue avec la mention Bien.

Le parc Goryokaku, décembre 2021
Le restaurant Wald à Onuma, janvier 2022
Le parc Goryokaku, janvier 2021

Face à cette réussite, je me suis dit que cela valait la peine de poursuivre, alors je me suis inscrite dans un Master consacré à l’enseignement du FLE. Au programme : lecture des cours, recherche, écriture de rapports sur divers sujets. Je valide ma première année avec la mention Bien, mais je commence à fatiguer. Je m’accroche et j’entame ma deuxième année de Master et normalement dernière année d’études. Mais voilà, entre-temps mon mari et moi nous sommes lancés dans la construction d’une maison et nous passons beaucoup de temps chez l’entrepreneur pour décider des divers aménagements. Et c’est ce moment qu’a choisi le lycée où j’enseigne depuis 2015 pour m’embaucher en CDI, ce qui augmente mon salaire mais aussi ma charge de travail. Je le vois bien, il m’est impossible de prendre le temps de mener une réflexion correcte pour rédiger un mémoire de Master acceptable à mes yeux. Je demande donc à refaire une année supplémentaire de Master. Ce sera ma quatrième année depuis ma reprise d’études…

Nara, mars 2022

Comme il ne me reste qu’un rapport de cours et le mémoire à écrire, cette dernière année est évidemment moins chargée sur le plan des études. Pourtant, après trois années d’effort, la lassitude se fait de plus en plus grande et le découragement prend souvent le dessus. Je ne vais pas y arriver, je veux que ça s’arrête, je ne veux plus avoir à penser à mes études sans arrêt, je vais tout lâcher, de toute façon ça m’est égal… Et finalement le sursaut : ce serait vraiment trop idiot de jeter aux orties trois années d’effort. Je me suis accrochée tant bien que mal, j’ai donné tout ce que je pouvais, j’ai morflé mais je les ai écrits ce mémoire et ce rapport. Et le 27 juin dernier, le soulagement : soutenance réussie haut la main ! Et la note de mon dernier rapport de cours vient de tomber, le Master est validé avec une mention Très bien.

Le parc Goryokaku, avril 2022

Je vais maintenant pouvoir profiter un peu plus du dimanche, mon seul jour de repos complet de la semaine, et reprendre une vie normale. Pouvoir sortir sans me dire que ce n’est pas une bonne idée et que je vais le regretter le lendemain, pouvoir m’affaler sur mon canapé sans me dire que je ferais mieux de m’asseoir devant mon ordi, pouvoir lire des romans sans penser que je ferais mieux de relire cette publication en rapport avec mon sujet de recherche… Bref, comme un air de vacances avant les vacances !

Le café Laminaire, juin 2022

Construire au Japon

Pendant plusieurs années, mon mari et moi avons cherché à acheter une maison « traditionnelle », si possible située dans les vieux quartiers de Hakodate. Nous ne voulions pas de maison « cube », car nous les trouvions laides. Hélas, il y a très peu de maison traditionnelle sur le marché, et elles sont soit hors de prix, soit en piteux état. De plus, à Hokkaido où les hivers sont rudes, entretenir et chauffer une telle maison relève souvent de la gageure.

Cependant, une de nos connaissances possède une entreprise de construction. De maisons cubes. Comme nous ne pouvions plus supporter notre vie en appartement, nous avons décidé de prendre rendez-vous, comme ça, pour voir. Dès la première rencontre, les personnes en charge de notre dossier nous ont proposé différents terrains que nous sommes allés voir. Mon mari a tout de suite été emballé par un terrain situé près du parc Goryokaku, l’un des lieux les plus touristiques de Hakodate. Moi, je l’étais un peu moins, parce que ce terrain est proche d’une route assez fréquentée, même si quasiment personne ne passe directement devant ce terrain, situé dans un quartier résidentiel où l’on ne va pas à moins d’avoir à y faire.

Dans le parc Goryokaku

Nous avons également visité quelques maisons témoins et, de ce côté-là, mes préjugés se sont envolés. Si l’extérieur des maisons cubes n’est pas beau, l’intérieur est vraiment sympa et confortable ! De plus, on peut personnaliser l’aménagement intérieur, à condition d’y mettre le prix bien sûr.

Après un bref temps d’hésitation, nous avons décidé de lancer la machine. Nous avons commencé par faire une offre pour acheter le terrain près du parc Goryokaku. J’ai proposé pas mal moins que ce que la propriétaire en demandait, et je savais qu’elle n’accepterait pas à ce prix-là, mais bon, il nous fallait bien une base pour négocier. Mon mari trouvait ça bas et n’était pas chaud à l’idée de formuler l’offre, qu’il trouvait trop basse, c’est donc moi qui aie sorti mon inkan, le sceau à mon nom. Et j’ai bien fait, puisque la propriétaire a accepté de baisser sensiblement le prix de départ.

Ensuite, tout est allé très vite. Nous avons d’abord choisi le modèle de maison que nous voulions, un truc un peu grand pour deux personnes, avec quatre chambres, mais il y avait largement la place sur le terrain. Alors que l’hiver battait son plein, la construction de la maison a débuté.

C’est parti pour la construction !

Pendant que la construction avançait, il nous a fallu décider de l’aménagement intérieur. La compagnie de construction travaille avec quatre compagnies d’aménagement intérieur : Toto, bien connu pour ses toilettes, Takara (a priori rien à voir avec les jouets Takara Tomy), Panasonic et Lixil. Notre agent nous a suggéré de limiter notre choix de visite de salles d’exposition à deux compagnies, mais nous avons décidé d’en visiter trois car, outre Takara et Toto, nous étions intéressés par Panasonic, qui proposait des parquets qui nous plaisaient bien. Oui, oui, Panasonic fait des parquets… et des portes, et des toilettes ! Visiter ces trois endroits en une seule journée et écouter toutes les explications a été épuisant et nous ne savions plus quoi choisir. Un exemple pour les portes : il fallait choisir non seulement le style et la couleur, normal, mais aussi la forme et la couleur des gonds, la couleur de l’entourage des portes, des choses auxquelles je n’avais jamais pensé ! Pour tout vous dire, j’ai par la suite fait une fixation sur toutes les portes que je voyais, que j’examinais dans leurs moindres détails !

Quel parquet pour aller avec ces jolies portes bleues ?

À la fin de notre journée de visite, nous n’en pouvions plus et avons choisi un peu n’importe quoi. Heureusement, l’étape suivante consistait en un rendez-vous avec une décoratrice d’intérieur. Comme je m’en doutais, nos différents choix présentaient une discordance entre le rez-de-chaussée et l’étage et avec l’aide de la décoratrice, nous avons pu harmoniser tout ça.

Quelle couleur de parquet avec une cuisine rouge et des murs blancs ?
On continue dans les choix : extérieur, porte d’entrée, carrelage dans l’entrée et parquet

L’autre choix que nous avions à faire concernait l’aménagement personnalisé des pièces. Comme il y a trois chambres à l’étage et un espace ouvert, je voulais faire de l’une des chambres une pièce à tatamis, principalement pour y accueillir les amis et la famille. Nous avons eu de la chance, car cet aménagement nous a été offert par la compagnie.

La chambre à tatamis

Enfin, nous avons également décidé de supprimer le placard de ce qui deviendrait mon bureau pour aménager des toilettes à l’étage. Franchement, si vous en avez la possibilité, faites vous installer des toilettes à l’étage ! Mon chat me réveille fréquemment la nuit, et c’est plus facile d’aller faire un tour aux toilettes qui sont à côté de la chambre que de descendre !

La cuisine rouge !

Après notre emménagement, il nous restait à aménager le terrain. Et il y avait du boulot ! Comme nous ne sommes pas très manuel, nous avons décidé de faire appel à un paysagiste, recommandé par un collègue de mon mari. En voyant les plans qui nous ont été soumis, j’avais vraiment du mal à imaginer le résultat et j’étais assez inquiète. J’avais peur que la terrasse imaginée par le paysagiste ne ressemble à une piste d’atterrissage pour ovnis ! Mais après avoir passé l’été à lézarder sur cette terrasse et à regarder les haricots verts pousser dans l’espace potager, je peux vous assurer que je l’aime mon petit bout de jardin !

Pour conclure, je dirais que faire construire une maison a été très simple. L’entreprise de construction s’est chargée de tout faire pour nous, même la négociation du prêt à la banque. Mon seul regret : ne pas avoir fait construire plus tôt !

2020, une année pas si mauvaise

Bonne année 2021 à toutes et à tous ! Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas écrit sur ce blog. Et toujours les mêmes excuses : je suis trop occupée, je n’ai rien d’intéressant à raconter… Néanmoins, j’aime bien faire de petits bilans de l’année écoulée, et il s’en est passé des choses pour moi en 2020, mine de rien.

Des petits voyages
Pour débuter sur une note légère, je vais d’abord vous parler des petits voyages que j’ai faits cette année. J’avais prévu, en mars, d’aller à Osaka pour une conférence et d’en profiter pour visiter Nara, que je ne connais pas. Face à l’augmentation du nombre de cas de coronavirus, j’ai préféré annuler mon voyage. Mais je garde toujours dans un coin de ma tête ce projet de voyage dans l’ancienne capitale japonaise.

Comme il n’était pas possible de s’éloigner trop de sa région, j’ai passé un week-end dans la préfecture voisine de Aomori durant l’été. J’étais déjà passé dans la ville de Aomori pour assister à son célèbre festival Nebuta. Cette fois, je suis allée à Towada, ville connue pour son lac et son musée d’art. Le lac, probablement très beau au moment des couleurs d’automne, était triste et gris le jour où j’y suis allée. En revanche, les gorges d’Oirase et le paysage splendide qui les entoure ont été l’occasion d’une promenade fort sympathique. J’ai aussi eu un coup de cœur pour le musée d’art de Towada, avec ses œuvres colorées qui s’exposent aussi en-dehors des murs du musée.

Les gorges d’Oirase
Le musée d’art de Towada
L’art est aussi dans la rue

En-dehors de cette escapade, je suis restée toute l’année à Hokkaido. En été, je suis allée à Esashi. J’ai déjà parlé de ce charmant village dans un article, et c’est un endroit dont je ne me lasserai jamais. Malheureusement, cette année, je n’ai pas voulu y aller aussi souvent que d’habitude car les villageois que je connais sont souvent âgés et je ne voulais pas prendre de risque. En revenant de Esashi, je suis passée à Matsumae, probablement le village le plus « Japon traditionnel » de Hokkaido, ainsi qu’à Kaminokuni, un village où je vais très rarement mais qui a de magnifiques paysages côtiers.

Kamome-jima, Esashi
Kaminokuni
Matsumae

En septembre, je suis allée visiter la Grotte Bleue de Shiriuchi avec une amie. Il s’agit d’une grotte accessible uniquement par bateau, et à l’intérieur de cette grotte, l’eau de la mer est d’un bleu presque irréel. Notre guide avait beaucoup d’anecdotes à nous raconter, et son tour de bateau s’apparentait presque à un show. C’était vraiment sympa, et j’ai bien l’intention de refaire cette activité.

Intérieur de la Grotte Bleue, Shiriuchi
Entrée de la grotte (oui, oui, ça passe)
Des eaux limpides par endroit

Après ce passage à Shiriuchi, nous avons pris la route de Niseko. Niseko est célèbre pour ses pistes de ski, mais propose également beaucoup d’activités de plein air en été et en automne. L’an passé, j’y avais fait de la tyrolienne. Malheureusement, cette année, cette activité n’était pas ouverte à cause du coronavirus. Du coup, nous nous sommes rabattues sur une sortie nature, avec un guide qui nous a présenté le monde merveilleux des champignons. Ça peut paraître gnangnan comme activité, mais c’était très instructif et ça m’a donné envie d’en savoir plus sur les champignons.

Vue sur le mont Yôtei, Niseko

Le reste du temps, je suis restée à Hakodate : tour du lac Onuma, ascension du mont Hakodate, promenade dans le parc Goryôkaku, etc.

Les cerisiers du parc Goryokaku
Le parc Goryokaku au printemps
Le parc Goryokaku, en hiver

Une bonne année sur le plan personnel
Sur le plan personnel, deux bonnes nouvelles ont émaillé mon année 2020. Tout d’abord, avec mon mari, nous avons décidé de faire construire une maison ! Après avoir longtemps cherché une maison déjà construite à acquérir, sans succès, nous avons choisi la construction d’une maison neuve. Nous sommes allés chez un agent immobilier de notre connaissance, qui nous a proposé un terrain très bien situé et qui nous permet d’avoir un petit jardin pour nos soirées apéro durant les beaux jours. Si tout va bien, nous devrions déménager fin avril 2021.

Ma petite Momo, bientôt 11 ans !

Quant à la seconde bonne nouvelle… Eh bien il faudra attendre encore un peu, car pour l’instant, tout n’en est qu’au stade des discussions et comme je suis superstitieuse, je préfère ne rien dire pour le moment.

J’ai également repris les études en 2018. J’ai commencé par faire une L3 Sciences du langage, qui m’a beaucoup intéressée, puis j’ai poursuivi par un Master. J’ai obtenu le M1 en 2020 et je suis actuellement en M2. Mais pour être honnête, les cours de cette année ne m’intéresse pas du tout et j’ai beaucoup de difficulté à me motiver. Et je suis fatiguée de consacrer tout mon temps libre à mes études depuis 3 ans.

Le corona au lycée
Niveau boulot, je suis toujours professeur d’anglais (et un peu de français) au lycée. Après un passage à temps partiel, je suis revenue à temps plein à partir de l’année scolaire 2019-2020, mais toujours avec un contrat d’une année à chaque fois. Pour rappel, j’enseigne dans un lycée protestant et dans cette école il y a deux postes de prof de conversation anglaise : un permanent, occupé par mon charmant collègue néo-zélandais, et un autre occupé par un missionnaire protestant, venant la plupart du temps des États-Unis. Cette année, c’est une femme qui est venue, et sans entrer dans les détails, je peux vous dire que c’est pas de la tarte. Mais j’ai tout de même de la chance, car le lycée a malgré tout décidé de me garder à temps plein pour l’année scolaire 2020-2021.

En février de l’an dernier, nous avons dû terminer l’année scolaire plus tôt que prévu, à cause de l’augmentation du nombre de cas de coronavirus à Hokkaido. C’était très difficile de soudainement ne plus voir nos élèves, et de ne pas pouvoir dire au revoir à celles qui finissaient le lycée.

Nous avons tout de même fait la rentrée en avril, mais nous avons dû interrompre les cours peu de temps après. Les élèves ont commencé à revenir en mai, après les congés de la Golden Week, d’abord un jour sur deux puis à temps plein. Masques obligatoires et événements annulés, bref que des cours pour les élèves, et ça ne doit pas être facile pour elles. Mais elles s’accrochent et je les admire.

Cette année scolaire, ma sixième dans ce lycée, est aussi celle qui verra partir en mars les élèves auxquelles j’ai eu la chance d’enseigner lors de leur première année de collège. Ça va me faire de la peine de voir partir après 6 ans passés ensemble, mais je suis heureuse de les avoir vues grandir.

Version hiver

Et vous, comment avez-vous vécu 2020 ? Avez-vous eu des bons moments malgré tout ?

Le joli mois de mai

L’hiver qui vient de s’achever a été particulièrement rigoureux, avec des chutes de neige telles qu’il n’y en avait pas eu depuis que la ville tient le compte des quantités tombées, c’est-à-dire depuis 60 ans. Et qui dit fortes chutes de neige dit forcément beaucoup de journées nuageuses. Oui, ce fût un hiver pénible. Mais depuis la fin avril et l’éclosion des cerisiers, tout cela n’est plus qu’un mauvais souvenir. Place aux fleurs, aux températures douces et surtout, au soleil !

Ce sont donc les cerisiers qui ont donné le coup d’envoi du printemps. Comme chaque année, ils ont fleuri pour la Golden Week, ce qui est idéal pour un pique-nique entre amis ou une sortie en famille. Le lieu emblématique de Hakodate pour admirer les cerisiers est sans conteste l’ancienne forteresse Goryōkaku. On dit que son parc compte environ 1 600 cerisiers. De nombreuses personnes y font un pique-nique, souvent un barbecue, mais c’est au pied de la tour que se trouve la plus grande concentration de pique-niqueurs.

1 - Pique-nique - Goryokaku
Pique-nique sous les cerisiers, Goryōkaku

2 - Jingisukan
Le jingisukan, plat emblématique de Hokkaidō

 

3 - Douves - Goryokaku
Promenade en bateau pour admirer les cerisiers en fleur, Goryōkaku

 

4 - Mariage - Goryokaku
Pourquoi pas se marier sous les cerisiers ?

Autre lieu intéressant pour la contemplation des cerisiers en fleur, le parc Hakodate Kōen. Ici, ce sont surtout des familles qui viennent pique-niquer. Du haut de la petite butte qui surplombe le parc, on a une belle vue sur le mont Hakodate et sur la mer. Voir des cerisiers en fleur sur fond de mer est un joli spectacle.

5 - Hakodate koen - Mer
Au loin, l’océan…

6 - Hakodate koen - Entrée
Le parc Hakodate kōen

7 - Hakodate koen - Bâtiment
Architecture typique de Hakodate

8 - Hakodate koen - Stands
Il y a tout ce qu’il faut pour se restaurer sur place !

 

À la fin du mois de mai, c’est au tour des azalées, que l’on appelle ici tsustuji, de nous ravir de leurs belles couleurs. On peut en voir un peu partout dans la ville, mais le lieu idéal pour les admirer, c’est dans le parc situé au pied du volcan Esan.

9 - Azalées - Esan
Azalée, océan et au-delà, Aomori

Cette année, j’ai eu la surprise de découvrir qu’il y en avait pas mal le long de l’escalier qui mène au sanctuaire Hachiman-gū, dans le quartier Yachigashira.

10 - Azalées - Hachiman-gu
Des azalées de toutes les couleurs, Hachiman-gū

11 - Hachiman-gu
Le vert du mont Hakodate, le bleu infini du ciel…

Mais plus que toutes ces magnifiques fleurs, ce sont les couleurs du ciel et de la mer qui me touchent le plus en cette saison. En ville, depuis le pont Tomoe, il est possible d’admirer de magnifiques couchers de soleil sur la mer, avec en arrière-plan une chaîne de montagne dont les contours sont estompés par la lumière déclinante du jour.

13 - Ville la nuit
La nuit arrive sur le mont Hakodate

 

Mais pour un spectacle encore plus grandiose, il faut s’éloigner du centre-ville. En allant vers le mont Esan, il y a une petite halte routière qui offre un point de vue extraordinaire sur le volcan. La mer et le ciel offrent un superbe dégradé de bleu, renforcé par le vert de la partie herbeuse du volcan et le noir du sable. Du sable qui n’est pas noirci par quelque saleté que ce soit, mais par du fer. Que l’on soit petit ou grand, il est amusant de faire le test avec un aimant (magnet de frigo par exemple).

 

14 - Esan - T1
Le mont Esan vu de la plage

15 - Sable - Esan
Même texture que le sable, mais en noir

Après avoir admiré les azalées, je monte en général vers le cratère du volcan, mais cette année j’ai préféré en faire le tour pour aller voir le phare du cap Esan. Et là encore, la combinaison bleu du ciel, bleu de la mer et vert du cap était époustouflante de beauté.

16 - Phare Esan - T2
Le phare du cap Esan

17 - Arrière Esan
Encore du bleu et du vert… et une pointe de rose !

 

Près de là se trouve un endroit for intéressant, un onsen dans la mer. Il faut attendre que la mer se retire pour que l’eau chauffe grâce à celle qui s’écoule du volcan. Un petit panneau tout proche indique les meilleurs horaires pour en profiter. Il est bien sûr possible de s’y baigner en maillot de bain.

18 - Onsen naturel 0 Esan
Onsen dans la mer, Esan, Hakodate

Enfin, un bon mois de mai ne serait pas complet sans des activités permettant d’échanger avec des personnes formidables. Au début du mois, je suis allée à Esashi où se déroule chaque année le défilé des nouveaux mariés. Et à la fin du mois, ce fut la traditionnelle parade commémorant la bataille de Goryōkaku. J’ai la chance d’incarner chaque année le capitaine français Jules Brunet et cette année, la porte-drapeau de la France était l’adorable Maureen, des Philippines.

 

19 - Soldats
La belle Maureen et les soldats

20 - Hijikata
Avec celui qui incarne Hijikata Toshizō

21 - Matsumura-san
Matsumara-san, légende vivante d’Esashi ❤

Il m’arrive parfois d’envier celles et ceux qui habitent des endroits plus « représentatifs » du Japon, qui font plus « image traditionnelle », mais le mois de mai sait toujours me rappeler à quel point j’habite une belle, très belle région.

D’Ise à Kumano, sur les pas des Dieux

J’ai une amie française qui réside à Tokyo, et nous nous voyons toujours soit dans la capitale, soit à Hakodate. Pour changer un peu, nous avons décidé d’explorer une partie du Japon que nous ne connaissions pas durant la Golden Week 2017 (oui, je sais, c’était il y a un an ! Que voulez-vous, je suis lente…), et notre choix s’est arrêté sur Ise. Nous avons décidé de louer une voiture, mais nous n’avions préparé aucun itinéraire particulier.

Ise est une petite ville comptant un peu plus de 120 000 habitants, et est située dans la préfecture de Mie. La ville est à environ 2h de train de Nagoya, et 2h30 de train d’Osaka. La ville d’Ise est surtout connue pour abriter le grand sanctuaire d’Ise, dont je vous parle tout de suite !

Jour 1 : le grand sanctuaire d’Ise, Ise-shima (伊勢大神宮), Toba (鳥羽市), Meoto-iwa (夫婦岩)
Notre première visite a été pour le grand sanctuaire d’Ise (伊勢大神宮, Ise dai-jingū), lieu le plus important du shintoïsme et principale attraction touristique de la ville. Le sanctuaire est réparti sur deux sites distincts : Geku (外宮), près de la gare d’Ise, et Naiku (内宮), quelques kilomètres plus loin.

1 - Geku
Geku, grand sanctuaire d’Ise

2 - Naiku
Naiku, grand sanctuaire d’Ise

Des deux, c’est Naiku qui est le plus important, car il est consacré à la déesse Amaterasu, la déesse tutélaire des Japonais. Mais personnellement, j’ai préféré Geku, sans doute parce que l’espace est plus « compact », plus intime, moins imposant… et qu’on y trouve un peu moins de touristes.

Dans les deux sites, il n’est pas possible de photographier les sanctuaires où sont déifiées les divinités principales, mais il existe de nombreux autres petits sanctuaires qui sauront ravir les amateurs de photographies.

Carte de Naiku

Carte de Geku

L’après-midi, puisque nous avions notre voiture de location, nous avons décidé de nous promener un peu dans la préfecture. Nos pérégrinations nous ont emmenées jusqu’à Ise-shima, là où s’est tenu le sommet du G7 en 2016. Nous cherchions le moyen d’accéder à la mer, pour nous poser sur une plage, mais nous n’avons pas trouvé. Nous n’avons pas dû bien chercher, car il existe apparemment plusieurs plages. Toujours est-il que nous avons fini par atterrir sur le parking d’un country club, où nous avons décidé de prendre un café. Et cet arrêt fut sans doute le moment le plus drôle de notre voyage. Le country club était à moitié désert, et la table où nous nous sommes installées dans le café était sale, comme si elle n’avait pas été nettoyée après un repas. On s’est vraiment demandé où on était tombées, et mon amie et moi avons alors commencé à nous faire des films qui nous ont beaucoup amusées.

3 - Toba
La plage à Toba

Pour rentrer à Ise, nous sommes passées par Toba, ville située au bord de la mer et réputée pour sa production de perles, puis nous nous sommes arrêtés à Futami (ville d’Ise) pour voir Meoto-iwa, un couple de rochers unis par une corde de paille. Le petit sanctuaire tout proche n’est pas très intéressant, mais la balade le long de la plage est agréable.

4 - Meotoiwa
Les rochers mariés ou meoto-iwa

Pour préparer votre voyage à Ise : Toursime Ise et Tourisme Ise-shima

Jour 2 : le mont Kōya (高野山) et Kudoyama (九度山)
Après une première journée bien chargée, nous avons décidé de nous lancer dans un projet un peu fou : aller visiter le mont Kōya, dans la préfecture de Wakayama, à 160 km d’Ise. En bonne habitante de Hokkaidō que je suis, je me suis dit que ce n’était rien. Après tout, Hakodate-Sapporo, c’est un peu plus de 300 km, et l’aller-retour se fait facilement dans une journée. Sauf que voilà, les routes ne sont pas du tout les mêmes ! En lieu et place des longues routes droites de Hokkaidō, nous nous sommes retrouvées sur d’étroites routes sinueuse. Et au final, le trajet nous a pris 4h (comme pour faire Hakodate-Sapporo, soit dit en passant).

5 - Koya
Kongōbu-ji, mont Kōya

Arrivées au mont Kōya, nous avons tout de suite vu les hordes de touristes qui déambulaient partout, et nous avons compris que les lieux seraient bondés. Mais notre première épreuve a été de trouver une place pour garer notre voiture. L’endroit manque terriblement de stationnements. Après 4h de route et après avoir tourné en rond un bon moment, j’ai fini par m’énerver sur un pauvre gardien de parking qui n’y pouvait rien (et je le regretterai jusqu’à la fin de vie). Ce jeune homme, bien gentil, m’a alors indiqué un parking gratuit près de la mairie.

6-1 - Koya
Mont Kōya

Le mont Kōya est sans conteste l’un des lieux les plus importants du bouddhisme japonais, et particulièrement de la secte Shingon. C’est en 816 que le moine Kūkai, aussi connu sous son nom posthume de Kōbō Daishi, y fonda le Kongōbu-ji. Le site compte aujourd’hui 117 temples.

Ce que je vais vous dire maintenant ne vous surprendra pas : le site est beaucoup trop touristique. Et pour être honnête, je n’ai pas trop aimé (même si c’est en partie dû au fait que je n’avais pas du tout préparé ma visite), car je n’y ai pas retrouvé ce lieu parfait pour la méditation qui avait inspiré Kūkai.

7 - Kudoyama - 1
Jison-in, Kudoyama

En redescendant du mont Kōya, nous avons fait un petit arrêt par le village de Kudoyama, où se trouve un temple plutôt intéressant, le Jison-in (慈尊院), qui fait partie de l’ensemble des temples rattachés au mont Kōya. C’est ici que les pèlerins se rendant au mont Kōya s’arrêtent pour se purifier avant leur ascension. Le chien Gon est leur guide et représente le chien qui aurait guidé Kūkai jusqu’au mont Kōya.

8 - Kudoyama - 2
Kūkai et Gon

Mais ce qui m’a le plus surprise, ce sont les ema (tablettes votives) en forme de… paire de seins ! Ces tablettes servent bien sûr à prier pour tout ce qui a trait à la maternité, mais aussi pour la convalescence en cas de cancer du sein.

Pour en savoir plus : mont Kōya et Jison-in (en japonais)

Jour 3 : Kumano Kodō (熊野古道) et les rizières Maruyama Senmaida (丸山千枚田)
L’itinéraire de notre troisième jour nous a été conseillé par le restaurateur d’un petit boui-boui où nous avions dîné le premier soir : les chemins de pèlerinage de Kumano Kodō. Trois sanctuaires nous ont été recommandés : le Kumano Nachi Taisha, le Kumano Hayatama Taisha et le Kumano Hongu Taisha, c’est-à-dire les trois grands sanctuaires de Kumano.

Kumano Nachi Taisha (熊野那智大社)
Encore une route de montagne pour aller visiter un lieu religieux ! Mais cette fois, cela valait vraiment le coup : le paysage est à couper le souffle ! Une légende dit que le site aurait été fondé par un homme nu arrivé d’Inde, à l’époque de l’empereur Kōshō (empereur qui serait né en 505 avant J.-C. et décédé à l’âge honorable de 113 ans). Une autre légende dit qu’il remonte à l’époque de l’empereur Nintoku (290-399). Quoi qu’il en soit, c’est probablement la magnifique chute d’eau qui se trouve sur le site, haute de 133 m (la plus haute du Japon), qui est à l’origine de l’établissement d’un sanctuaire shintō à cet endroit.

10 - Kumano Nachi
Kumano Nachi Taisha

Kumano Hayatama Taisha (熊野速玉大社)
Le rouge vif du sanctuaire se détachant sur le vert profond des arbres en arrière-plan est un paysage classique du Japon, mais il n’en reste pas moins toujours magnifique, et c’est particulièrement le cas à Kumano.

11 - Kumano Hayatama
Kumano Hayatama Taisha

Au premier plan de la photo, vous pouvez voir un corbeau, mais pas n’importe lequel ! Il s’agit du Yatagarasu, corbeau à trois jambes, dieu de Kumano. C’est un oiseau censé guider sur le bon chemin. On le retrouve sur le maillot des joueurs de l’équipe de football du Japon.

Kumano Hongū Taisha (熊野本宮大社)
Ce sanctuaire de construction shintō traditionnelle est composé de trois parties : la gauche est consacrée aux Dieux Musumi et Hayatama, le centre est pour Ketsumikono-kami et la droite est pour la déesse Amaterasu.

13 - Kumano Hongu - 2
Kumano Hongū Taisha

14 - Kumano Hongu
Encore notre oiseau à trois pattes !

Autrefois situé au confluent de trois rivières, il a été déménagé en 1889 pour le préserver des inondations. À l’endroit où se trouvait à l’origine le sanctuaire se dresse aujourd’hui un gigantesque torii, le plus grand du Japon.

14 - Ooyunohara
Ooyunohara, Kumano

Pour préparer votre voyage : région de Kumano

Notre dernière visite a été pour un champ de rizières en terrasses, Maruyama Senmaida (丸山千枚田).

15 - Senmaida

5 - Mai 2017 - 2

Il nous a été difficile de le trouver, seul un petit panneau de bois indiquant la route à suivre pour s’y rendre. C’est beau, et impressionnant. Beaucoup de photographes présents sur place semblaient attendre le coucher du soleil pour prendre un cliché.

En conclusion
Un voyage extraordinaire ! Aucun autre mot ne me vient à l’esprit. Hormis le mont Kōya, bondé de touristes, nous avons pu découvrir des lieux fascinants en toute tranquillité. L’une de mes erreurs a toutefois été de ne pas assez planifier mon voyage. J’aurais notamment aimé profiter plus de Toba et d’Ise-Shima.

Kumano Kodō est à voir absolument. Vous pourrez y sentir l’âme spirituelle du Japon, loin de l’agitation de lieux plus touristiques. C’est l’un des rares endroits que j’ai visité et pour lesquels je me suis dit : je reviendrai ! J’aimerais beaucoup faire le trajet à pied depuis Ise. Et vous ? Avez-vous déjà visité un de ces lieux ? Lequel aimeriez-vous visiter ?