Le lac Toya, situé dans le sud de Hokkaido, est une destination populaire pour les personnes souhaitant profiter des bienfaits des onsens, sources d’eau chaude. Or, qui dit onsen dit volcan. C’est d’ailleurs l’activité volcanique du lieu qui a conduit à la formation du lac Toya.
Le lac Toya
Hôtel avec vue sur le lac Toya
Sculpture au bord du lac Toya
Le mont Usu, aux abords du lac, est un volcan actif qui est entré quatre fois en éruption au 20e siècle : en 1910, de 1943 à 1945, en 1977-1978 et en 2000, c’est-à-dire à peu près tous les 30 ans. Néanmoins, il est considéré comme un « gentil » volcan, ou un volcan « qui ne ment pas », car ses épisodes éruptifs sont toujours précédés d’une activité sismique inhabituelle, ce qui permet de prévoir l’éruption et d’évacuer la population.
Mais ce n’est ni du lac Toya ni du mont Usu dont j’aimerais vous parler dans cet article. Non, j’aimerais vous parler d’une petite montagne, le mont Showashinzan, littéralement « la nouvelle montagne de Showa ». Parce que l’histoire entourant la naissance de cette montagne est tout simplement extraordinaire !
Le mont Showa-shinzan
Nous sommes en décembre 1943 et, comme vous devez vous en douter, c’est un peu tendu partout dans le monde, y compris au Japon. Dans la petite ville de Toya, le sol tremble, puis le mont Usu entre en éruption. Dans des champs de blé, le sol se soulève. Mais pour le gouvernement japonais, il importe avant tout de cacher ce qui se passe à Toya. Et on les comprend : quel pays en guerre voudrait laisser son ennemi savoir qu’une montagne est en train de sortir de son sol ? Quant aux scientifiques, ils sont trop occupés pour se rendre sur place pour étudier le phénomène. C’est ainsi que la formation du mont Showashinzan restera à l’époque connue uniquement des habitants de la région.
Le mont Showa-shinzan vu d’en haut
Un homme comprend néanmoins l’importance scientifique de ce qui est en train de se passer : Mimatsu Masao, chef du bureau de poste de Sobetsu et volcanologue amateur à ses heures perdues. Mimatsu Masao a assisté à l’éruption de 1910 et a, à l’époque, servi de guide au sismologue Oomori Fusakichi, venu tester un sismographe de sa fabrication. Mais comment documenter la formation d’une montagne en pleine Seconde guerre mondiale, alors que les appareils scientifiques manquent et que le matériel pour filmer est hors de prix ?
C’est là que Mimatsu Masao a une idée simple, mais géniale : tendre des fils entre deux poteaux, fils qui lui serviront de repère pour mesurer la croissance de la nouvelle montagne. Grâce à ce point d’observation fixe, notre postier peut relever ce qu’il observe. Il en concevra un diagramme, connu sous le nom de diagramme de Mimatsu, et ses relevés sont la seule source d’information disponible sur la formation du mont Showashinzan.
Mimatsu Masao face au mont Showa-shinzan
N’est-ce pas une histoire incroyable ? N’est-ce pas incroyable qu’une montagne de presque 400 mètres puisse se former en moins de deux ans ? Et n’est-ce pas incroyable qu’un amateur, certes passionné et connaisseur, ait pu documenter ce phénomène rare ? Si l’activité des volcans vous intéresse, n’hésitez pas à aller visiter Toya !
J’avais commencé à écrire une version différente de ce bilan 2022, et chaque fois que je la relisais je me disais que quelque chose clochait. Cela m’a pris du temps avant de mettre le doigt sur ce qui n’allait pas : j’essayais de donner dans un premier temps un aperçu rapide de mon travail, mais le peu de mots que je voulais y consacrer ne suffisait pas à bien rendre la complexité de la situation. Il me faudrait un bouquin pour vous raconter la situation de l’enseignement/l’éducation au Japon ! Et puis j’ai été tellement frustrée par mon travail ces derniers mois que les mots choisis ne reflétaient que rancœur et découragement, alors que j’adore enseigner ! Du coup, j’ai préféré laisser tomber et vous épargner mes jérémiades. Alors, en plus du boulot, que s’est-il passé en 2022 ?
Janvier à Mars
Niveau climat, ces trois premiers mois de l’année ne sont jamais les plus agréables à vivre côté météo. Mais janvier est un bon moment pour se reposer, voir ses amis et profiter du temps passé avec eux autour d’une bonne bouffe et d’une bonne bouteille.
En janvier, trottoirs glacés, gadin assuré
Durant les courtes vacances qui font le tampon entre deux années scolaires, en mars, j’ai fait un saut rapide à Nara, juste le temps de visiter certains lieux emblématiques de l’ancienne capitale du Japon.
Kofuku-ji, Nara
Todai-ji, Nara
Le Grand Bouddha de Nara
Kasuga Taisha, Nara
Horyu-ji, Nara
Avril à Juin
En avril, ne te découvre pas d’un fil. Si les cerisiers étaient en fleur plus tôt que d’habitude cette année, il faisait tout de même plutôt froid. Et cette année encore, toujours à cause du corona, pas question de faire un pique-nique dans le parc.
Parc Goryokaku, avril 2022
Avril est également le mois où la nouvelle année scolaire commence et pour la première fois j’ai été affectée dans l’équipe en charge du collège. Les élèves de ce niveau nécessitant plus d’attention, ma charge de travail a quelque peu augmentée. Et autre première pour moi, me voici en charge du club… de dessin ! Les élèves membres de ce club sont de véritables otakus, mais elles sont vraiment gentilles et je les adore !
Fin juin, je réussis haut la main ma soutenance de Master, un immense soulagement m’envahit et je commence à penser sérieusement aux vacances.
Juillet à Septembre
Début juillet, les vacances en France approchent à grands pas. Après trois ans sans voir ma famille, j’ai décidé de rentrer malgré les conditions pénibles qui conditionnent encore l’entrée sur le territoire japonais. Et là, catastrophe ! L’épidémie de corona s’intensifie à l’école, et la direction décide de nous mettre tous en vacances un peu plus tôt que prévu, et bien entendu de nous faire revenir plus tôt. Heureusement, j’ai eu le nez fin, et je n’avais prévu qu’un court voyage, à peine une dizaine de jours, et un retour bien avant la date de reprise des cours. Mon séjour a été beaucoup trop court mais ça m’a fait beaucoup de bien de revoir les miens.
J’ai également pu profiter de quelques jours fériés en septembre pour aller voir mon amie à Tokyo, et la pluie ne nous a pas empêchées de visiter Kamakura.
Hase-dera, Kamakura
Le Grand Bouddha de Kamakura
Octobre à Décembre
Dès la mi-novembre, je suis au bout du rouleau. Cela fait déjà trois mois que je travaille six jours sur sept, de 7h30 à 18h, voire 19h, avec une pause d’un quart d’heure le midi pour avaler mon bento. Le dimanche, unique jour de repos, je le passe à faire le ménage ou bien écrasée sur le canapé. J’aimerais sortir, faire des activités, mais je n’en ai pas le courage.
Enfin, le 21 décembre, la délivrance arrive ! Vacances ! Bien sûr, je dois aller travailler certains jours, mais j’ai enfin le temps de dormir le matin. Et j’ai le temps de bien manger, de boire, de voir mes amis, et ça, ça n’a pas de prix !
Ce que j’aimerais faire en 2023
Côté perso, la première chose que j’aimerais réussir à faire en 2023 est d’être moins rigide. Les habitudes prises pour concilier travail, études et tâches ménagères ont du mal à s’en aller et chaque contretemps dans mon planning me rend furieuse. J’ai même du mal à accepter de rencontrer des amis ou des connaissances si cela n’a pas été prévu d’avance. Tout cela m’empêche de passer à côté des moments surprenants qui font le charme de la vie.
En ce qui concerne le blog, j’aimerais publier plus. Je dis bien « publier », et non pas « écrire », car j’ai en réserve des textes jamais publiés. J’aimerais aussi publier des articles en rapport avec l’étude/l’apprentissage du japonais, et des articles en rapport avec des phénomènes de société. Ces articles seront forcément subjectifs et partiaux, ce que je constate dans mon coin de Japon étant en plus sans doute différent de ce qu’il en est dans d’autres endroits, donc j’hésite encore.
Et vous, quels sont vos objectifs ou vos souhaits pour 2023 ?
Il y a quatre ans, j’ai décidé de reprendre mes études. Ma scolarité s’était arrêtée à un niveau bac + 2, et je me suis souvent sentie complexée de ne pas avoir fait d’études universitaires. Alors, il y a donc quatre ans de cela, je me suis lancée le défi d’obtenir ma licence en sciences du langage, parcours français langue étrangère (FLE). En une année j’ai suivi environ une vingtaine de cours, allant de la phonétique à l’énonciation en passant par l’analyse du discours et la littérature jeunesse. Certaines matières étaient entièrement nouvelles pour moi, comme la syntaxe ou la lexicologie. J’ai beaucoup étudié, de manière systématique, tout en travaillant à temps plein à côté. Un temps plein japonais, six jours sur sept, environ 50h par semaine. Une grande partie de mon peu de temps libre était consacré à mes études. Je me suis rendue à Tokyo pour y passer les examens, une douzaine en quatre jours à chaque fin de semestre, rognant sur mes jours de congé. Ce fut épuisant mais la formation s’est révélée très enrichissante sur le plan intellectuel. Résultat de cette année de labeur, une licence obtenue avec la mention Bien.
Le parc Goryokaku, décembre 2021Le restaurant Wald à Onuma, janvier 2022Le parc Goryokaku, janvier 2021
Face à cette réussite, je me suis dit que cela valait la peine de poursuivre, alors je me suis inscrite dans un Master consacré à l’enseignement du FLE. Au programme : lecture des cours, recherche, écriture de rapports sur divers sujets. Je valide ma première année avec la mention Bien, mais je commence à fatiguer. Je m’accroche et j’entame ma deuxième année de Master et normalement dernière année d’études. Mais voilà, entre-temps mon mari et moi nous sommes lancés dans la construction d’une maison et nous passons beaucoup de temps chez l’entrepreneur pour décider des divers aménagements. Et c’est ce moment qu’a choisi le lycée où j’enseigne depuis 2015 pour m’embaucher en CDI, ce qui augmente mon salaire mais aussi ma charge de travail. Je le vois bien, il m’est impossible de prendre le temps de mener une réflexion correcte pour rédiger un mémoire de Master acceptable à mes yeux. Je demande donc à refaire une année supplémentaire de Master. Ce sera ma quatrième année depuis ma reprise d’études…
Nara, mars 2022
Comme il ne me reste qu’un rapport de cours et le mémoire à écrire, cette dernière année est évidemment moins chargée sur le plan des études. Pourtant, après trois années d’effort, la lassitude se fait de plus en plus grande et le découragement prend souvent le dessus. Je ne vais pas y arriver, je veux que ça s’arrête, je ne veux plus avoir à penser à mes études sans arrêt, je vais tout lâcher, de toute façon ça m’est égal… Et finalement le sursaut : ce serait vraiment trop idiot de jeter aux orties trois années d’effort. Je me suis accrochée tant bien que mal, j’ai donné tout ce que je pouvais, j’ai morflé mais je les ai écrits ce mémoire et ce rapport. Et le 27 juin dernier, le soulagement : soutenance réussie haut la main ! Et la note de mon dernier rapport de cours vient de tomber, le Master est validé avec une mention Très bien.
Le parc Goryokaku, avril 2022
Je vais maintenant pouvoir profiter un peu plus du dimanche, mon seul jour de repos complet de la semaine, et reprendre une vie normale. Pouvoir sortir sans me dire que ce n’est pas une bonne idée et que je vais le regretter le lendemain, pouvoir m’affaler sur mon canapé sans me dire que je ferais mieux de m’asseoir devant mon ordi, pouvoir lire des romans sans penser que je ferais mieux de relire cette publication en rapport avec mon sujet de recherche… Bref, comme un air de vacances avant les vacances !
Pendant plusieurs années, mon mari et moi avons cherché à acheter une maison « traditionnelle », si possible située dans les vieux quartiers de Hakodate. Nous ne voulions pas de maison « cube », car nous les trouvions laides. Hélas, il y a très peu de maison traditionnelle sur le marché, et elles sont soit hors de prix, soit en piteux état. De plus, à Hokkaido où les hivers sont rudes, entretenir et chauffer une telle maison relève souvent de la gageure.
Cependant, une de nos connaissances possède une entreprise de construction. De maisons cubes. Comme nous ne pouvions plus supporter notre vie en appartement, nous avons décidé de prendre rendez-vous, comme ça, pour voir. Dès la première rencontre, les personnes en charge de notre dossier nous ont proposé différents terrains que nous sommes allés voir. Mon mari a tout de suite été emballé par un terrain situé près du parc Goryokaku, l’un des lieux les plus touristiques de Hakodate. Moi, je l’étais un peu moins, parce que ce terrain est proche d’une route assez fréquentée, même si quasiment personne ne passe directement devant ce terrain, situé dans un quartier résidentiel où l’on ne va pas à moins d’avoir à y faire.
Dans le parc Goryokaku
Nous avons également visité quelques maisons témoins et, de ce côté-là, mes préjugés se sont envolés. Si l’extérieur des maisons cubes n’est pas beau, l’intérieur est vraiment sympa et confortable ! De plus, on peut personnaliser l’aménagement intérieur, à condition d’y mettre le prix bien sûr.
Après un bref temps d’hésitation, nous avons décidé de lancer la machine. Nous avons commencé par faire une offre pour acheter le terrain près du parc Goryokaku. J’ai proposé pas mal moins que ce que la propriétaire en demandait, et je savais qu’elle n’accepterait pas à ce prix-là, mais bon, il nous fallait bien une base pour négocier. Mon mari trouvait ça bas et n’était pas chaud à l’idée de formuler l’offre, qu’il trouvait trop basse, c’est donc moi qui aie sorti mon inkan, le sceau à mon nom. Et j’ai bien fait, puisque la propriétaire a accepté de baisser sensiblement le prix de départ.
Ensuite, tout est allé très vite. Nous avons d’abord choisi le modèle de maison que nous voulions, un truc un peu grand pour deux personnes, avec quatre chambres, mais il y avait largement la place sur le terrain. Alors que l’hiver battait son plein, la construction de la maison a débuté.
C’est parti pour la construction !
Pendant que la construction avançait, il nous a fallu décider de l’aménagement intérieur. La compagnie de construction travaille avec quatre compagnies d’aménagement intérieur : Toto, bien connu pour ses toilettes, Takara (a priori rien à voir avec les jouets Takara Tomy), Panasonic et Lixil. Notre agent nous a suggéré de limiter notre choix de visite de salles d’exposition à deux compagnies, mais nous avons décidé d’en visiter trois car, outre Takara et Toto, nous étions intéressés par Panasonic, qui proposait des parquets qui nous plaisaient bien. Oui, oui, Panasonic fait des parquets… et des portes, et des toilettes ! Visiter ces trois endroits en une seule journée et écouter toutes les explications a été épuisant et nous ne savions plus quoi choisir. Un exemple pour les portes : il fallait choisir non seulement le style et la couleur, normal, mais aussi la forme et la couleur des gonds, la couleur de l’entourage des portes, des choses auxquelles je n’avais jamais pensé ! Pour tout vous dire, j’ai par la suite fait une fixation sur toutes les portes que je voyais, que j’examinais dans leurs moindres détails !
Quel parquet pour aller avec ces jolies portes bleues ?
À la fin de notre journée de visite, nous n’en pouvions plus et avons choisi un peu n’importe quoi. Heureusement, l’étape suivante consistait en un rendez-vous avec une décoratrice d’intérieur. Comme je m’en doutais, nos différents choix présentaient une discordance entre le rez-de-chaussée et l’étage et avec l’aide de la décoratrice, nous avons pu harmoniser tout ça.
Quelle couleur de parquet avec une cuisine rouge et des murs blancs ?On continue dans les choix : extérieur, porte d’entrée, carrelage dans l’entrée et parquet
L’autre choix que nous avions à faire concernait l’aménagement personnalisé des pièces. Comme il y a trois chambres à l’étage et un espace ouvert, je voulais faire de l’une des chambres une pièce à tatamis, principalement pour y accueillir les amis et la famille. Nous avons eu de la chance, car cet aménagement nous a été offert par la compagnie.
La chambre à tatamis
Enfin, nous avons également décidé de supprimer le placard de ce qui deviendrait mon bureau pour aménager des toilettes à l’étage. Franchement, si vous en avez la possibilité, faites vous installer des toilettes à l’étage ! Mon chat me réveille fréquemment la nuit, et c’est plus facile d’aller faire un tour aux toilettes qui sont à côté de la chambre que de descendre !
La cuisine rouge !
Après notre emménagement, il nous restait à aménager le terrain. Et il y avait du boulot ! Comme nous ne sommes pas très manuel, nous avons décidé de faire appel à un paysagiste, recommandé par un collègue de mon mari. En voyant les plans qui nous ont été soumis, j’avais vraiment du mal à imaginer le résultat et j’étais assez inquiète. J’avais peur que la terrasse imaginée par le paysagiste ne ressemble à une piste d’atterrissage pour ovnis ! Mais après avoir passé l’été à lézarder sur cette terrasse et à regarder les haricots verts pousser dans l’espace potager, je peux vous assurer que je l’aime mon petit bout de jardin !
Pour conclure, je dirais que faire construire une maison a été très simple. L’entreprise de construction s’est chargée de tout faire pour nous, même la négociation du prêt à la banque. Mon seul regret : ne pas avoir fait construire plus tôt !
Bonne année 2021 à toutes et à tous ! Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas écrit sur ce blog. Et toujours les mêmes excuses : je suis trop occupée, je n’ai rien d’intéressant à raconter… Néanmoins, j’aime bien faire de petits bilans de l’année écoulée, et il s’en est passé des choses pour moi en 2020, mine de rien.
Des petits voyages Pour débuter sur une note légère, je vais d’abord vous parler des petits voyages que j’ai faits cette année. J’avais prévu, en mars, d’aller à Osaka pour une conférence et d’en profiter pour visiter Nara, que je ne connais pas. Face à l’augmentation du nombre de cas de coronavirus, j’ai préféré annuler mon voyage. Mais je garde toujours dans un coin de ma tête ce projet de voyage dans l’ancienne capitale japonaise.
Comme il n’était pas possible de s’éloigner trop de sa région, j’ai passé un week-end dans la préfecture voisine de Aomori durant l’été. J’étais déjà passé dans la ville de Aomori pour assister à son célèbre festival Nebuta. Cette fois, je suis allée à Towada, ville connue pour son lac et son musée d’art. Le lac, probablement très beau au moment des couleurs d’automne, était triste et gris le jour où j’y suis allée. En revanche, les gorges d’Oirase et le paysage splendide qui les entoure ont été l’occasion d’une promenade fort sympathique. J’ai aussi eu un coup de cœur pour le musée d’art de Towada, avec ses œuvres colorées qui s’exposent aussi en-dehors des murs du musée.
Les gorges d’OiraseLe musée d’art de TowadaL’art est aussi dans la rue
En-dehors de cette escapade, je suis restée toute l’année à Hokkaido. En été, je suis allée à Esashi. J’ai déjà parlé de ce charmant village dans un article, et c’est un endroit dont je ne me lasserai jamais. Malheureusement, cette année, je n’ai pas voulu y aller aussi souvent que d’habitude car les villageois que je connais sont souvent âgés et je ne voulais pas prendre de risque. En revenant de Esashi, je suis passée à Matsumae, probablement le village le plus « Japon traditionnel » de Hokkaido, ainsi qu’à Kaminokuni, un village où je vais très rarement mais qui a de magnifiques paysages côtiers.
Kamome-jima, EsashiKaminokuniMatsumae
En septembre, je suis allée visiter la Grotte Bleue de Shiriuchi avec une amie. Il s’agit d’une grotte accessible uniquement par bateau, et à l’intérieur de cette grotte, l’eau de la mer est d’un bleu presque irréel. Notre guide avait beaucoup d’anecdotes à nous raconter, et son tour de bateau s’apparentait presque à un show. C’était vraiment sympa, et j’ai bien l’intention de refaire cette activité.
Intérieur de la Grotte Bleue, ShiriuchiEntrée de la grotte (oui, oui, ça passe)Des eaux limpides par endroit
Après ce passage à Shiriuchi, nous avons pris la route de Niseko. Niseko est célèbre pour ses pistes de ski, mais propose également beaucoup d’activités de plein air en été et en automne. L’an passé, j’y avais fait de la tyrolienne. Malheureusement, cette année, cette activité n’était pas ouverte à cause du coronavirus. Du coup, nous nous sommes rabattues sur une sortie nature, avec un guide qui nous a présenté le monde merveilleux des champignons. Ça peut paraître gnangnan comme activité, mais c’était très instructif et ça m’a donné envie d’en savoir plus sur les champignons.
Vue sur le mont Yôtei, Niseko
Le reste du temps, je suis restée à Hakodate : tour du lac Onuma, ascension du mont Hakodate, promenade dans le parc Goryôkaku, etc.
Les cerisiers du parc Goryokaku
Le parc Goryokaku au printempsLe parc Goryokaku, en hiver
Une bonne année sur le plan personnel Sur le plan personnel, deux bonnes nouvelles ont émaillé mon année 2020. Tout d’abord, avec mon mari, nous avons décidé de faire construire une maison ! Après avoir longtemps cherché une maison déjà construite à acquérir, sans succès, nous avons choisi la construction d’une maison neuve. Nous sommes allés chez un agent immobilier de notre connaissance, qui nous a proposé un terrain très bien situé et qui nous permet d’avoir un petit jardin pour nos soirées apéro durant les beaux jours. Si tout va bien, nous devrions déménager fin avril 2021.
Ma petite Momo, bientôt 11 ans !
Quant à la seconde bonne nouvelle… Eh bien il faudra attendre encore un peu, car pour l’instant, tout n’en est qu’au stade des discussions et comme je suis superstitieuse, je préfère ne rien dire pour le moment.
J’ai également repris les études en 2018. J’ai commencé par faire une L3 Sciences du langage, qui m’a beaucoup intéressée, puis j’ai poursuivi par un Master. J’ai obtenu le M1 en 2020 et je suis actuellement en M2. Mais pour être honnête, les cours de cette année ne m’intéresse pas du tout et j’ai beaucoup de difficulté à me motiver. Et je suis fatiguée de consacrer tout mon temps libre à mes études depuis 3 ans.
Le corona au lycée Niveau boulot, je suis toujours professeur d’anglais (et un peu de français) au lycée. Après un passage à temps partiel, je suis revenue à temps plein à partir de l’année scolaire 2019-2020, mais toujours avec un contrat d’une année à chaque fois. Pour rappel, j’enseigne dans un lycée protestant et dans cette école il y a deux postes de prof de conversation anglaise : un permanent, occupé par mon charmant collègue néo-zélandais, et un autre occupé par un missionnaire protestant, venant la plupart du temps des États-Unis. Cette année, c’est une femme qui est venue, et sans entrer dans les détails, je peux vous dire que c’est pas de la tarte. Mais j’ai tout de même de la chance, car le lycée a malgré tout décidé de me garder à temps plein pour l’année scolaire 2020-2021.
En février de l’an dernier, nous avons dû terminer l’année scolaire plus tôt que prévu, à cause de l’augmentation du nombre de cas de coronavirus à Hokkaido. C’était très difficile de soudainement ne plus voir nos élèves, et de ne pas pouvoir dire au revoir à celles qui finissaient le lycée.
Nous avons tout de même fait la rentrée en avril, mais nous avons dû interrompre les cours peu de temps après. Les élèves ont commencé à revenir en mai, après les congés de la Golden Week, d’abord un jour sur deux puis à temps plein. Masques obligatoires et événements annulés, bref que des cours pour les élèves, et ça ne doit pas être facile pour elles. Mais elles s’accrochent et je les admire.
Cette année scolaire, ma sixième dans ce lycée, est aussi celle qui verra partir en mars les élèves auxquelles j’ai eu la chance d’enseigner lors de leur première année de collège. Ça va me faire de la peine de voir partir après 6 ans passés ensemble, mais je suis heureuse de les avoir vues grandir.
Version hiver
Et vous, comment avez-vous vécu 2020 ? Avez-vous eu des bons moments malgré tout ?
L’hiver qui vient de s’achever a été particulièrement rigoureux, avec des chutes de neige telles qu’il n’y en avait pas eu depuis que la ville tient le compte des quantités tombées, c’est-à-dire depuis 60 ans. Et qui dit fortes chutes de neige dit forcément beaucoup de journées nuageuses. Oui, ce fût un hiver pénible. Mais depuis la fin avril et l’éclosion des cerisiers, tout cela n’est plus qu’un mauvais souvenir. Place aux fleurs, aux températures douces et surtout, au soleil !
Ce sont donc les cerisiers qui ont donné le coup d’envoi du printemps. Comme chaque année, ils ont fleuri pour la Golden Week, ce qui est idéal pour un pique-nique entre amis ou une sortie en famille. Le lieu emblématique de Hakodate pour admirer les cerisiers est sans conteste l’ancienne forteresse Goryōkaku. On dit que son parc compte environ 1 600 cerisiers. De nombreuses personnes y font un pique-nique, souvent un barbecue, mais c’est au pied de la tour que se trouve la plus grande concentration de pique-niqueurs.
Pique-nique sous les cerisiers, Goryōkaku
Le jingisukan, plat emblématique de Hokkaidō
Promenade en bateau pour admirer les cerisiers en fleur, Goryōkaku
Pourquoi pas se marier sous les cerisiers ?
Autre lieu intéressant pour la contemplation des cerisiers en fleur, le parc Hakodate Kōen. Ici, ce sont surtout des familles qui viennent pique-niquer. Du haut de la petite butte qui surplombe le parc, on a une belle vue sur le mont Hakodate et sur la mer. Voir des cerisiers en fleur sur fond de mer est un joli spectacle.
Au loin, l’océan…
Le parc Hakodate kōen
Architecture typique de Hakodate
Il y a tout ce qu’il faut pour se restaurer sur place !
À la fin du mois de mai, c’est au tour des azalées, que l’on appelle ici tsustuji, de nous ravir de leurs belles couleurs. On peut en voir un peu partout dans la ville, mais le lieu idéal pour les admirer, c’est dans le parc situé au pied du volcan Esan.
Azalée, océan et au-delà, Aomori
Cette année, j’ai eu la surprise de découvrir qu’il y en avait pas mal le long de l’escalier qui mène au sanctuaire Hachiman-gū, dans le quartier Yachigashira.
Des azalées de toutes les couleurs, Hachiman-gū
Le vert du mont Hakodate, le bleu infini du ciel…
Mais plus que toutes ces magnifiques fleurs, ce sont les couleurs du ciel et de la mer qui me touchent le plus en cette saison. En ville, depuis le pont Tomoe, il est possible d’admirer de magnifiques couchers de soleil sur la mer, avec en arrière-plan une chaîne de montagne dont les contours sont estompés par la lumière déclinante du jour.
La nuit arrive sur le mont Hakodate
Mais pour un spectacle encore plus grandiose, il faut s’éloigner du centre-ville. En allant vers le mont Esan, il y a une petite halte routière qui offre un point de vue extraordinaire sur le volcan. La mer et le ciel offrent un superbe dégradé de bleu, renforcé par le vert de la partie herbeuse du volcan et le noir du sable. Du sable qui n’est pas noirci par quelque saleté que ce soit, mais par du fer. Que l’on soit petit ou grand, il est amusant de faire le test avec un aimant (magnet de frigo par exemple).
Le mont Esan vu de la plage
Même texture que le sable, mais en noir
Après avoir admiré les azalées, je monte en général vers le cratère du volcan, mais cette année j’ai préféré en faire le tour pour aller voir le phare du cap Esan. Et là encore, la combinaison bleu du ciel, bleu de la mer et vert du cap était époustouflante de beauté.
Le phare du cap Esan
Encore du bleu et du vert… et une pointe de rose !
Près de là se trouve un endroit for intéressant, un onsen dans la mer. Il faut attendre que la mer se retire pour que l’eau chauffe grâce à celle qui s’écoule du volcan. Un petit panneau tout proche indique les meilleurs horaires pour en profiter. Il est bien sûr possible de s’y baigner en maillot de bain.
Onsen dans la mer, Esan, Hakodate
Enfin, un bon mois de mai ne serait pas complet sans des activités permettant d’échanger avec des personnes formidables. Au début du mois, je suis allée à Esashi où se déroule chaque année le défilé des nouveaux mariés. Et à la fin du mois, ce fut la traditionnelle parade commémorant la bataille de Goryōkaku. J’ai la chance d’incarner chaque année le capitaine français Jules Brunet et cette année, la porte-drapeau de la France était l’adorable Maureen, des Philippines.
La belle Maureen et les soldats
Avec celui qui incarne Hijikata Toshizō
Matsumara-san, légende vivante d’Esashi ❤
Il m’arrive parfois d’envier celles et ceux qui habitent des endroits plus « représentatifs » du Japon, qui font plus « image traditionnelle », mais le mois de mai sait toujours me rappeler à quel point j’habite une belle, très belle région.
J’ai une amie française qui réside à Tokyo, et nous nous voyons toujours soit dans la capitale, soit à Hakodate. Pour changer un peu, nous avons décidé d’explorer une partie du Japon que nous ne connaissions pas durant la Golden Week 2017 (oui, je sais, c’était il y a un an ! Que voulez-vous, je suis lente…), et notre choix s’est arrêté sur Ise. Nous avons décidé de louer une voiture, mais nous n’avions préparé aucun itinéraire particulier.
Ise est une petite ville comptant un peu plus de 120 000 habitants, et est située dans la préfecture de Mie. La ville est à environ 2h de train de Nagoya, et 2h30 de train d’Osaka. La ville d’Ise est surtout connue pour abriter le grand sanctuaire d’Ise, dont je vous parle tout de suite !
Jour 1 : le grand sanctuaire d’Ise, Ise-shima (伊勢大神宮), Toba (鳥羽市), Meoto-iwa (夫婦岩) Notre première visite a été pour le grand sanctuaire d’Ise (伊勢大神宮, Ise dai-jingū), lieu le plus important du shintoïsme et principale attraction touristique de la ville. Le sanctuaire est réparti sur deux sites distincts : Geku (外宮), près de la gare d’Ise, et Naiku (内宮), quelques kilomètres plus loin.
Geku, grand sanctuaire d’Ise
Naiku, grand sanctuaire d’Ise
Des deux, c’est Naiku qui est le plus important, car il est consacré à la déesse Amaterasu, la déesse tutélaire des Japonais. Mais personnellement, j’ai préféré Geku, sans doute parce que l’espace est plus « compact », plus intime, moins imposant… et qu’on y trouve un peu moins de touristes.
Dans les deux sites, il n’est pas possible de photographier les sanctuaires où sont déifiées les divinités principales, mais il existe de nombreux autres petits sanctuaires qui sauront ravir les amateurs de photographies.
L’après-midi, puisque nous avions notre voiture de location, nous avons décidé de nous promener un peu dans la préfecture. Nos pérégrinations nous ont emmenées jusqu’à Ise-shima, là où s’est tenu le sommet du G7 en 2016. Nous cherchions le moyen d’accéder à la mer, pour nous poser sur une plage, mais nous n’avons pas trouvé. Nous n’avons pas dû bien chercher, car il existe apparemment plusieurs plages. Toujours est-il que nous avons fini par atterrir sur le parking d’un country club, où nous avons décidé de prendre un café. Et cet arrêt fut sans doute le moment le plus drôle de notre voyage. Le country club était à moitié désert, et la table où nous nous sommes installées dans le café était sale, comme si elle n’avait pas été nettoyée après un repas. On s’est vraiment demandé où on était tombées, et mon amie et moi avons alors commencé à nous faire des films qui nous ont beaucoup amusées.
La plage à Toba
Pour rentrer à Ise, nous sommes passées par Toba, ville située au bord de la mer et réputée pour sa production de perles, puis nous nous sommes arrêtés à Futami (ville d’Ise) pour voir Meoto-iwa, un couple de rochers unis par une corde de paille. Le petit sanctuaire tout proche n’est pas très intéressant, mais la balade le long de la plage est agréable.
Jour 2 : le mont Kōya (高野山) et Kudoyama (九度山) Après une première journée bien chargée, nous avons décidé de nous lancer dans un projet un peu fou : aller visiter le mont Kōya, dans la préfecture de Wakayama, à 160 km d’Ise. En bonne habitante de Hokkaidō que je suis, je me suis dit que ce n’était rien. Après tout, Hakodate-Sapporo, c’est un peu plus de 300 km, et l’aller-retour se fait facilement dans une journée. Sauf que voilà, les routes ne sont pas du tout les mêmes ! En lieu et place des longues routes droites de Hokkaidō, nous nous sommes retrouvées sur d’étroites routes sinueuse. Et au final, le trajet nous a pris 4h (comme pour faire Hakodate-Sapporo, soit dit en passant).
Kongōbu-ji, mont Kōya
Arrivées au mont Kōya, nous avons tout de suite vu les hordes de touristes qui déambulaient partout, et nous avons compris que les lieux seraient bondés. Mais notre première épreuve a été de trouver une place pour garer notre voiture. L’endroit manque terriblement de stationnements. Après 4h de route et après avoir tourné en rond un bon moment, j’ai fini par m’énerver sur un pauvre gardien de parking qui n’y pouvait rien (et je le regretterai jusqu’à la fin de vie). Ce jeune homme, bien gentil, m’a alors indiqué un parking gratuit près de la mairie.
Mont Kōya
Le mont Kōya est sans conteste l’un des lieux les plus importants du bouddhisme japonais, et particulièrement de la secte Shingon. C’est en 816 que le moine Kūkai, aussi connu sous son nom posthume de Kōbō Daishi, y fonda le Kongōbu-ji. Le site compte aujourd’hui 117 temples.
Ce que je vais vous dire maintenant ne vous surprendra pas : le site est beaucoup trop touristique. Et pour être honnête, je n’ai pas trop aimé (même si c’est en partie dû au fait que je n’avais pas du tout préparé ma visite), car je n’y ai pas retrouvé ce lieu parfait pour la méditation qui avait inspiré Kūkai.
Jison-in, Kudoyama
En redescendant du mont Kōya, nous avons fait un petit arrêt par le village de Kudoyama, où se trouve un temple plutôt intéressant, le Jison-in (慈尊院), qui fait partie de l’ensemble des temples rattachés au mont Kōya. C’est ici que les pèlerins se rendant au mont Kōya s’arrêtent pour se purifier avant leur ascension. Le chien Gon est leur guide et représente le chien qui aurait guidé Kūkai jusqu’au mont Kōya.
Kūkai et Gon
Mais ce qui m’a le plus surprise, ce sont les ema (tablettes votives) en forme de… paire de seins ! Ces tablettes servent bien sûr à prier pour tout ce qui a trait à la maternité, mais aussi pour la convalescence en cas de cancer du sein.
Jour 3 : Kumano Kodō (熊野古道) et les rizières Maruyama Senmaida (丸山千枚田) L’itinéraire de notre troisième jour nous a été conseillé par le restaurateur d’un petit boui-boui où nous avions dîné le premier soir : les chemins de pèlerinage de Kumano Kodō. Trois sanctuaires nous ont été recommandés : le Kumano Nachi Taisha, le Kumano Hayatama Taisha et le Kumano Hongu Taisha, c’est-à-dire les trois grands sanctuaires de Kumano.
Kumano Nachi Taisha (熊野那智大社) Encore une route de montagne pour aller visiter un lieu religieux ! Mais cette fois, cela valait vraiment le coup : le paysage est à couper le souffle ! Une légende dit que le site aurait été fondé par un homme nu arrivé d’Inde, à l’époque de l’empereur Kōshō (empereur qui serait né en 505 avant J.-C. et décédé à l’âge honorable de 113 ans). Une autre légende dit qu’il remonte à l’époque de l’empereur Nintoku (290-399). Quoi qu’il en soit, c’est probablement la magnifique chute d’eau qui se trouve sur le site, haute de 133 m (la plus haute du Japon), qui est à l’origine de l’établissement d’un sanctuaire shintō à cet endroit.
Kumano Nachi Taisha
Kumano Hayatama Taisha (熊野速玉大社) Le rouge vif du sanctuaire se détachant sur le vert profond des arbres en arrière-plan est un paysage classique du Japon, mais il n’en reste pas moins toujours magnifique, et c’est particulièrement le cas à Kumano.
Kumano Hayatama Taisha
Au premier plan de la photo, vous pouvez voir un corbeau, mais pas n’importe lequel ! Il s’agit du Yatagarasu, corbeau à trois jambes, dieu de Kumano. C’est un oiseau censé guider sur le bon chemin. On le retrouve sur le maillot des joueurs de l’équipe de football du Japon.
Kumano Hongū Taisha (熊野本宮大社) Ce sanctuaire de construction shintō traditionnelle est composé de trois parties : la gauche est consacrée aux Dieux Musumi et Hayatama, le centre est pour Ketsumikono-kami et la droite est pour la déesse Amaterasu.
Kumano Hongū Taisha
Encore notre oiseau à trois pattes !
Autrefois situé au confluent de trois rivières, il a été déménagé en 1889 pour le préserver des inondations. À l’endroit où se trouvait à l’origine le sanctuaire se dresse aujourd’hui un gigantesque torii, le plus grand du Japon.
Notre dernière visite a été pour un champ de rizières en terrasses, Maruyama Senmaida (丸山千枚田).
Il nous a été difficile de le trouver, seul un petit panneau de bois indiquant la route à suivre pour s’y rendre. C’est beau, et impressionnant. Beaucoup de photographes présents sur place semblaient attendre le coucher du soleil pour prendre un cliché.
En conclusion Un voyage extraordinaire ! Aucun autre mot ne me vient à l’esprit. Hormis le mont Kōya, bondé de touristes, nous avons pu découvrir des lieux fascinants en toute tranquillité. L’une de mes erreurs a toutefois été de ne pas assez planifier mon voyage. J’aurais notamment aimé profiter plus de Toba et d’Ise-Shima.
Kumano Kodō est à voir absolument. Vous pourrez y sentir l’âme spirituelle du Japon, loin de l’agitation de lieux plus touristiques. C’est l’un des rares endroits que j’ai visité et pour lesquels je me suis dit : je reviendrai ! J’aimerais beaucoup faire le trajet à pied depuis Ise. Et vous ? Avez-vous déjà visité un de ces lieux ? Lequel aimeriez-vous visiter ?
Bonne année 2018 à toutes et à tous ! J’espère que cette nouvelle année a bien débuté pour vous et je vous souhaite le meilleur pour la suite.
Comme je l’avais annoncé il y a quelques mois, ce blog est en pause, mais ça me démange souvent de venir écrire ici. Alors, pour commencer en douceur, sans me mettre trop de pression, j’ai eu envie de vous parler de l’année écoulée.
Mais plutôt que de vous faire un résumé de ce qui m’est arrivé en 2017, ce qui serait pour moi fastidieux à écrire et pour vous ennuyeux à lire, j’ai choisi de vous présenter mon année en quelques photos accompagnées de courts commentaires.
Janvier 2017
Les illuminations de Nijukken-zaka, Hakodate
Le parc Hakodate-kōen sous la neige
Pas de neige pour le passage à la nouvelle année, mais la météo s’est bien rattrapée par la suite !
Dans la maison Yokoyama, Esashi
Test tour à Esashi, où il est toujours agréable de se promener (quand en plus tout est gratuit…).
Février 2017
Rando raquettes sur le lac Konuma, Nanae
Début février, c’est l’idéal pour les activités en plein air, car il fait froid mais beau. Ici, une promenade en raquettes sur le lac Konuma.
Le sanctuaire Hakodate Hachiman-gū, dans le quartier Yachigashira, Hakodate
À la fin du mois, même s’il fait toujours froid, on sent bien que le printemps arrive.
Mars 2017
Tout plein de poupées, dans le café Ichiban-kura, Esashi
Rayons de soleil sur la mer du Japon, Esashi
Encore un tour à Esashi, car, pour la fête des petites filles, le village est décoré de milliers de poupées !
Vue sur Hakodate depuis le Gokoku-jinja
Fin mars, la neige a quitté la ville et ne demeure que sur les sommets, au loin.
Avril 2017
Lumières sur le port de Sumiyoshi, Hakodate
Alors que la plupart des régions du Japon ont déjà pu contempler les cerisiers en fleurs, il faut ici attendre la fin du mois (début de la Golden Week), pour en profiter.
Fin avril, la floraison des cerisiers, enfin ! Ici, au parc Gōryōkaku, Hakodate
Au début du mois, je quitte mon île, direction la préfecture de Mie et ses alentours. Je n’avais aucun préjugé sur cette région, que je ne connaissais pas, et j’ai beaucoup aimé mon voyage. J’avais d’ailleurs commencé à écrire un texte dessus, et j’avais un peu fouillé sur le Net pour voir ce qui se faisait en terme de récits de voyage. J’ai été surprise, parfois consternée, par la pauvreté des textes qui semblaient populaires (puisque bien référencés et/ou avec beaucoup de commentaires). Résultat, j’ai pris peur (et si moi aussi mon texte était nul ?) et j’ai laissé tomber. Peut-être le reprendrai-je, car j’y pense parfois à ce texte et ça m’embête de le laisser moisir alors qu’il est presque terminé.
L’église catholique, Hakodate
À mon retour à Hakodate, il fait beau, tout est fleuri et c’est magnifique !
Konbu en train de sécher, Esan
De retour du mont Esan, où j’étais allée admirer les azalées, j’ai pris le temps de m’arrêter près des maisons des pêcheurs de konbu. Si vous ne le saviez pas, eh bien voici comment on fait sécher ces longues algues utilisées principalement pour faire le bouillon dashi.
Coucher de soleil sur le port, Hakodate
Un magnifique coucher de soleil, alors que je m’entraînais pour le semi-marathon.
Je n’ai pas trop de souvenirs de ce mois de juin, sans événement particulier. Mais il faisait beau et c’était agréable de se promener.
Juillet 2017
Avant le départ du marathon de Hakodate
C’est l’heure du semi-marathon ! Je me sens confiante, car je me suis bien entraînée. La course se passe encore mieux que ce que j’imaginais, les encouragements de mes élèves et de mes collègues m’ont bien aidée. Résultat, une course bouclée avec une très grande fierté en 2 heures 25 minutes et 27 secondes.
Pochettes de disques de Kitajima Saburō
Il fait très chaud ! Pour se rafraîchir, direction le musée Kitajima Saburō, l’un des plus célèbres chanteurs japonais. Quoi, vous ne le connaissez pas ? Il faudra que je vous en parle, alors !
L’ancienne salle communautaire.
Août 2017
Parade du festival du port de Hakodate
Début août, c’est le festival annuel et sa grande parade qui dure des heures. Un événement plus que sympa, à ne pas manquer.
Monastère trappiste, Hakodate
Pour la première fois, je vais voir le monastère trappiste de Hakodate. J’avais déjà été voir, l’année d’avant, le couvent des trappistines. Des bâtiments qui semblent bien communs pour des Européens, mais rares au Japon.
Retour des chars au centre du village, Esashi
Invitée à manger chez les uns et les autres, comme d’habitude
Une semaine après le festival de Hakodate, c’est au tour d’Esashi et de sa parade de chars ! Cette année, j’étais dans le défilé et croyez-moi, traîner un char toute une journée, c’est long et fatigant !
Septembre 2017
Eau du barrage Sasanagare, Hakodate
Vue depuis le barrage (oui, on est toujours en ville !)
Le mois de septembre est l’un de mes préférés, car il fait doux sans faire trop chaud, et surtout car le bleu du ciel est magnifique.
Amusement Tram, pour faire la fiesta durant deux heures dans le traway !
Pour l’anniversaire d’un ami américain, nous avons réservé le tramway festif (pour une durée de 2h) et nous avons fait le tour de la ville en buvant et en chantant du karaoké dans le tramway !
Octobre 2017
L’ancien bureau du magistrat, Hakodate
Les entrepôts de brique rouge, Hakodate
Quelques images de lieux prisés des touristes. Il commence à faire froid…
Le Komagatake en automne
Nouvelle course, à Onuma cette fois (14 kms), mais complètement ratée. Il faut dire que j’ai fait la fiesta la veille, et que j’ai loupé l’heure du réveil, devant partir en catastrophe, sans prendre de petit-déjeuner. Plus jamais ça !
Novembre 2017
Je visite pour la deuxième fois une maison qui me plaît bien, mais pour laquelle il y aura beaucoup de travaux à refaire. Mon mari et moi hésitons trop longtemps, la maison est finalement vendue. Tant pis pour nous !
Décembre 2017
Comme tous les ans, la ville d’Halifax (Canada) nous envoie un gros sapin de Noël ! Il est illuminé tous les soirs du 1er au 25 décembre.
Neige à Onuma, Nanae
Vue depuis la tour de Goryōkaku, Hakodate
Cette année, nous avons beaucoup plus de neige que d’habitude, et c’est assez pénible. Mais ça fait de beaux paysages, au moins !
Et 2018, ça s’annonce comment ? Je n’ai fumé aucune cigarette depuis le 7 janvier, soit une pause de bientôt trois jours. Ça m’a pris d’un coup. Après une soirée où j’avais pas mal fumé, j’étais écœurée et je n’ai rien fumé le lendemain. Alors le surlendemain, je me suis dit : « Pourquoi ne pas essayer de ne pas fumer aujourd’hui aussi ? » Franchement je souffre, car j’adore fumer. Alors pour m’encourager, je ne parle pas d’arrêt, mais de pause dans mon tabagisme.
Le lycée et l’université m’ont demandé d’être de nouveau chargée de cours pour l’année scolaire 2018-2019 et j’ai accepté, n’ayant rien d’autre en perspective. Mais j’ai décidé que ce serait ma dernière année si je ne trouvais pas plus d’élèves en cours privés, car avoir des cours à droite à gauche m’empêche de chercher un emploi plus stable.
En juin, je participerai au semi-marathon d’Okushiri, et j’ai hâte de reprendre l’entraînement (ce n’est pas possible sur des trottoirs glacés !).
En juillet, je passerai le niveau N2 du JLPT. Mes études dans ce sens avancent bien.
Et vous, avez-vous des projets pour la nouvelle année qui s’en vient ?
Mon visa d’épouse venant à échéance en février 2018, j’ai décidé en juillet de cette année de demander la résidence permanente, sans trop d’attentes. Je ne comprends pas vraiment les règles d’attribution, mais a priori j’entrais dans les critères : mariée avec un citoyen japonais depuis 5 ans, je vis au Japon depuis bientôt quatre ans.
J’ai aussi un peu galéré pour trouver les documents qu’il fallait envoyer, mais voici ce que j’ai soumis :
le formulaire d’application
une lettre de motivation
une photo
mon passeport (photocopié sur place)
ma carte de résidence actuelle
une lettre de garantie (remplie par mon mari)
une copie de l’état civil familial (koseki tōhon, 戸籍謄本)
mon certificat de résidence à Hakodate (jūminhyō, 住民票)
mes certificats de paiement d’impôt et ceux de mon mari (nōzei shōmeisho, 納税証明書, et kazei shōmeisho, 課税証明書)
une copie de mes contrats de travail et des certificats d’emploi, ainsi que ceux de mon marie (koyō keiyakusho, 雇用契約書, et zaishoku shōmeisho, 在職証明書)
8 000 yens en timbres fiscaux
J’ai écrit ma lettre de motivation en japonais, et je l’ai faite relire par une personne avec qui j’ai travaillé avant et que je connais bien, sans en être trop proche, pour avoir l’avis le plus objectif possible. Je ne lui ai pas demandé de corriger mon japonais, simplement de me donner son avis. En effet, même si mon japonais est loin d’être parfait, c’est mon niveau actuel, réel (et je n’en ai pas honte) et c’est cela que je voulais montrer.
J’ai également joint les photocopies des articles de journaux qui m’étaient consacrés, pour montrer mon engagement envers la communauté.
Je suis allée déposer mon dossier le 12 juillet, et on m’a dit que le paiement se faisait sur réception de la réponse.
Début novembre, soit un petit moins de 4 mois après le dépôt de ma demande, je trouvais dans ma boîte à lettre un avis me demandant de me présenter au bureau d’immigration, munie du récépissé de dépôt de mon dossier, de ma carte de résidence actuelle et du paiement.
À l’accueil, des jeunes hommes qui semblaient être des stagiaires ont pris mes documents, ont fait un trou dans ma carte actuelle, avant de me remettre la nouvelle : résidente permanente ! Je n’en revenais tellement pas que je leur ai demandé si c’était bien tout et si c’était fini. Oui, oui, vous pouvez y aller madame.
Je suis consciente d’avoir eu un gros coup de chance, que je ne sais pas trop à quoi attribuer. La seule réponse qui me vient à l’esprit est que mon dossier a été traité ici, à Hokkaidō, région qui reçoit sûrement moins de demandes, mais peut-être que je me trompe.
En tout cas, plus besoin de s’inquiéter pour le visa, j’aurais seulement à faire refaire ma carte en 2024 (il ne faut pas que j’oublie !).
Le Komagatake (Onuma) à la mi-octobre….
Des nouvelles sur mes projets…
Autant le dire tout de suite, de ce côté-là, ça va moins bien… Je continue à travailler à temps partiel, au lycée et à l’université, et je donne des cours privés à droite à gauche, mais malheureusement, cela ne me rapporte pas beaucoup d’argent. J’ai songé à laisser tomber l’enseignement pour être libre, ce qui me permettrait de chercher un emploi à temps plein, mais c’est trop dur. J’aime tellement enseigner, et j’aime tellement mes élèves !
En ce qui concerne le projet « Hakonnections », mon amie étant rentrée en France, je ne me sens pas le courage de continuer seule. J’ai travaillé sur beaucoup de projets depuis que je suis ici, mais en faisant cela je me suis dispersée et je sais qu’il est temps pour moi de me poser et de vraiment réfléchir à ce que je vais faire.
Même si l’obtention de la résidence permanente m’a ôté un gros poids des épaules, il me reste encore beaucoup d’inquiétudes, d’incertitudes, et je peux vous dire que ça tourne à fond dans mon cerveau. Mais bon, un jour à la fois, une chose à la fois et surtout… je fais confiance à ma bonne étoile !
Le vendredi 15 septembre, un missile nord-coréen a survolé Hokkaido pour la deuxième fois en moins d’un mois. Pour la deuxième fois en moins d’un mois, l’alerte nippone, J-Alert, a cassé ma routine matinale.
Le premier tir nous a survolé le 29 août et l’alerte a retenti peu après 6h du matin. Je me lève habituellement à 6h, mais ce matin-là, je me suis rendormie après la sonnerie du réveil. Quand l’alerte a sonné quelques minutes plus tard, je l’ai arrêtée sans même lire le message d’alerte. Je pensais qu’il s’agissait d’une nouvelle fausse alerte à la pluie, comme ça avait été le cas quelques jours plus tôt. C’est mon mari qui a réagi : « Missile ! »
Hakodate, en plein sur la trajectoire du premier missile
On s’est levé et on a allumé la télé pour suivre les infos. Machinalement, je m’apprêtais à faire ce que je fais toujours en me levant, c’est-à-dire ouvrir les rideaux, quand mon mari m’a rappelé qu’il fallait les laisser tirer. J’avais oublié. Il faut fermer les rideaux car si les vitres explosent, cela permet d’éviter la projection des débris de verre.
Les sirènes retentissent dans la ville et des messages d’alerte sont diffusés par haut-parleur. Peu de temps après, la télé nous informe que c’est bon, le missile est passé. On peut reprendre notre vie normale. À aucun moment je n’ai paniqué, car à aucun moment je n’ai cru qu’un missile nous tomberait dessus. Car une telle chose est difficile à imaginer. En comparaison, l’alerte au tremblement de terre est beaucoup plus effrayante, car là, on est certain qu’il va avoir lieu, mais on ne sait pas à quel point il sera puissant. Et puis, que pourrait-on faire si le missile nous tombait dessus ? Absolument rien.
Un sondage, diffusé sur une chaîne de télé par la suite, a révélé ce que les gens avaient fait suite à l’alerte. Les deux plus gros résultats sont les suivants : 54% ont vérifié les infos et 41% n’ont rien fait. Pas surprenant, car il n’y a rien à faire.
Lors du deuxième tir, le 15 septembre, j’étais levée, lavée, habillée et je m’apprêtais à sortir sur le balcon fumer ma première cigarette quand l’alerte a retenti. Cette fois, je l’ai lue et quand j’ai vu « Missile », je me suis dit que Kim Jong-Un faisait vraiment chier. Déranger les gens à l’heure de la clope, franchement !
Je ferme donc mes rideaux, j’allume la télé et je m’éloigne des fenêtres. Je remplis mon pichet d’eau, on ne sait jamais. Les informations me semblent arriver moins rapidement que la fois précédente et je me dis qu’à l’heure qu’il est le missile doit être loin. La confirmation arrive enfin : le missile est encore passé au-dessus de Hokkaido, mais cette fois, il s’est abîmé beaucoup plus loin en mer.
Les infos télé, avec vue sur Esashi
Cette fois encore, je n’ai pas paniquée, pour les mêmes raisons que la fois précédente. Je ne crois pas que la Corée du Nord attaquera le Japon, du moins dans un avenir proche. Et si elle le faisait, encore une fois, que pourrions-nous y faire ?
Il y a quelques jours, des mouvements de missiles ont été observés en Corée du Nord. Où ont-ils positionnés, quand seront-ils tirés, quelle sera leur cible ? Impossible de le savoir.